Les livres lus à la bibliothèque ne sont pas ceux achetés récemment en librairie. Voilà l'un des faits qui ressort du palmarès annuel des prêts et des acquisitions en France pour l'année 2021. Établi grâce à un partenariat avec l'entreprise C3rb, qui édite le logiciel Orphée, et le bureau d'études TMO Régions, le baromètre des prêts ministère de la Culture/Livres Hebdo 2021 confirme aussi un autre constat, récurrent : les usagers des bibliothèques lisent une très grande diversité de titres. En 2021, 498 000 ISBN différents ont suscité 9,74 millions de prêts dans les 164 bibliothèques de l'échantillon étudié. Les dix œuvres les plus empruntées à l'échelle nationale ne correspondent qu'à 0,3 % de l'ensemble des prêts (soit 31 000 emprunts) et 0,8 % des acquisitions. Les cent premières œuvres : respectivement 2 % et 3,5 %.
La jeunesse, toujours
Les ouvrages pour les enfants et les adolescents (hors BD) demeurent les plus empruntés (38 %), devant la BD tout public (31 %). Ces deux chiffres correspondent au fait que près d'un tiers des lecteurs des bibliothèques municipales et intercommunales a moins de 15 ans. Ces deux genres sont également plus rapides à lire que la fiction adulte, qui représente tout de même 22 % des emprunts. Le documentaire adulte (essais, livres de cuisine, guides touristiques...) se taille un petit 9 %. Mais parmi les cent ouvrages les plus empruntés en France, 60 sont des BD, 37 relèvent de la fiction adulte et 5 de la littérature pour la jeunesse.
De même, en termes d'acquisitions, les bibliothécaires achètent en premier lieu de la jeunesse (34 %). Mais la fiction adulte vient juste après (27 %). La BD ne représente que 20 % des acquisitions, soit seulement un point de plus que les documentaires, dont les bibliothécaires se doivent de disposer même s'ils sont moins souvent empruntés.
Le décalage entre les acquisitions et les emprunts se traduit au top 100 des titres les plus empruntés, où seuls 27 titres figurent aussi parmi les 100 les plus fréquemment acquis. Comme les années précédentes, les cent ouvrages les plus achetés par les bibliothèques relèvent en grande majorité (86 %) de la fiction adulte. Il s'agit des nouveautés de la rentrée littéraire, des prix littéraires ou des auteurs à succès généralement demandés par les lecteurs.
Une appétence pour le fonds
Mais plus globalement, les nouveautés ne sont pas les livres les plus retirés par les usagers des bibliothèques, qui privilégient le fonds. Parmi les genres empruntés, le roman (et dans une moindre mesure le documentaire) est la catégorie la plus liée à l'actualité de la production éditoriale : 26 % des emprunts dans cette catégorie sont parus en 2020 et 2021, alors que seuls 10 % des prêts de BD concernent des titres parus ces années-là. En BD, ce sont les albums publiés entre 2000 et 2009 qui concentrent 25 % des prêts. Le schéma est similaire en jeunesse.
Les acquisitions, elles, se concentrent logiquement sur les nouveautés de l'année. C'est le cas pour 62 % des romans, 47 % des documentaires, 38 % des BD et 34 % des livres pour la jeunesse. Mais quelque 5 % des acquisitions en roman, documentaire et jeunesse portent sur des titres parus il y a plus de vingt ans.
Un décalage avec les achats en librairie
Simultanément, les ouvrages les plus empruntés ne sont pas les plus vendus en librairie. Le meilleur est à venir, par exemple, de Françoise Bourdin, se positionne au 38e rang des meilleures ventes des librairies d'après notre palmarès Livres Hebdo/GFK, mais trente rangs plus bas parmi les emprunts en bibliothèque. Et ses quatre autres romans inscrits au palmarès des emprunts, publiés de 2018 à 2020, sont absents de celui des meilleures ventes.
Au total, 38 des 100 ouvrages les plus empruntés en 2021 figuraient dans le top 50 des ventes de l'année précédente (car il y a souvent un décalage entre la date de parution du livre et sa présence en bibliothèque). Diversité, voilà le maître-mot.
