L'année 2020, marquée par deux confinements et l'arrêt d'animations culturelles, a été traître : les bibliothèques françaises ont globalement vu leurs prêts de livres chuter. Dans le panel des 163 bibliothèques étudiées en 2020, pour le baromètre annuel ministère de la Culture/Livres Hebdo 2021, les 7,68 millions de prêts enregistrés portent sur 484 000 ISBN différents, soit une baisse de 47 % par rapport à 2019. Pour mémoire, en 2016, les 146 bibliothèques de l'échantillon avaient effectué 8,6 millions de prêts et plus de 340 000 acquisitions.
Une grande diversité d'emprunts
Comme les années précédentes, les lecteurs ont des goûts variés : le top 10 des emprunts représente seulement 0,7 % de l'ensemble des prêts. Et les 10 000 ouvrages les plus empruntés ne représentent même pas la moitié de l'ensemble des prêts. De même, les 10 œuvres les plus acquises ne représentent que 0,9 % des acquisitions.
Comme d'habitude, les emprunts de jeunesse et BD dominent
Sur les 7,68 millions d'emprunts, 38 % concernent la littérature jeunesse, hors bande dessinée. Notons que le tiers des emprunteurs des bibliothèques publiques ont moins de quinze ans, et que le taux de rotation est plus élevé dans cette catégorie éditoriale, comme pour la BD tout public, qui concentre 31 % des emprunts, suivie de la fiction adulte (22 %). Mais si l'on se base sur les cent œuvres les plus communément empruntées, soit 275 000 prêts, la bande dessinée écrase les autres catégories éditoriales, en représentant sept emprunts sur dix (en 2019, c'était un sur deux). La jeunesse, 5 %. Les romans adultes, plus longs à lire, atteignent dans ce top 100 des œuvres les plus empruntées le chiffre de 25 %.
Des achats pas forcément en lien avec l'actualité
Un même 25 % est d'ailleurs consacré à la fiction adulte dans l'ensemble des achats, contre 38 % pour la jeunesse et 20 % pour la BD. La bibliothèque comme lieu de ressource emploie 18 % de ses acquisitions au documentaire (non jeunesse). Les proportions sont les mêmes que l'année précédente. Quand on resserre aux 100 livres les plus acquis par le panel, la part de la fiction adulte grimpe à 86 % (et même à 100 % sur la base des dix livres les plus acquis) : les bibliothécaires achètent les ouvrages les plus demandés par les Français, souvent en lien avec l'actualité littéraire. Les autres catégories éditoriales sont un peu plus « datées ». Lorsque l'on se penche sur les emprunts, la majorité ne sont pas des nouveautés : plus de la moitié date d'avant 2017, et la tendance est encore plus prononcée en BD et jeunesse (où plus de la moitié des ouvrages les plus empruntés datent d'avant 2013).
Des similarités avec les étals de librairie
Si l'on prend le top 50 GfK/Livres Hebdo des livres les plus vendus en 2019 (afin de reproduire le décalage entre la date de parution d'un ouvrage et sa disponibilité sur les étagères des bibliothèques), l'on observe que 25 des 50 titres figurent également dans le baromètre des prêts et/ou des acquisitions en 2020 dans les bibliothèques. Lorsqu'on ne retient que les trente romans les plus vendus en 2019, 19 figurent dans les cent ouvrages de fiction les plus empruntés en 2020- le Goncourt 2020 n'y figure pas encore. Une poignée d'auteurs reviennent plusieurs fois dans le palmarès : Françoise Bourdin, Michel Bussi, Harlan Coben, Virginie Grimaldi ou encore Guillaume Musso. Mais tous ouvrages confondus, les auteurs les plus lus et empruntés sont Dominique de Saint Mars (jeunesse), loin devant Stéphanie Ledu (jeunesse), Patrick Sobral et Masashi Kishimoto (BD). En fiction adulte, c'est Marie-Bernadette Dupuy. Et nouveauté de cette année dans les acquisitions jeunesse : le palmarès concerne pour sa majorité des titres petite enfance, et moins la littérature adolescente.