Malgré les efforts et les premières réalisations, la construction de l’offre numérique dans les bibliothèques publiques reste trop lente et nécessiterait la mise en place de dispositifs de coopération à l’échelon national : c’est l’un des principaux constats du rapport 2013 de l’Inspection générale des bibliothèques (IGB), qui vient de paraître. Comme chaque année, ce document, qui ambitionne de "rendre compte de la réalité du fonctionnement de tous les types de bibliothèques et d’offrir aux décideurs et autres partenaires concernés une vision renouvelée des bibliothèques qui dépasse les clichés et stéréotypes", fournit un instantané instructif du paysage des bibliothèques françaises et de ses principales problématiques à travers quinze études d’établissements et quatre études thématiques. Autre préoccupation soulignée par les inspecteurs : l’augmentation constante du coût de la documentation électronique continue de peser de manière préoccupante sur les budgets des bibliothèques universitaires. Ces dernières ont une place importante dans le rapport, notamment à travers la présentation de l’étude sur les six bibliothèques interuniversitaires (BIU) parisiennes, qui n’a pas encore été publié et dont la principale proposition est de créer une instance commune qui serait chargée de mettre en œuvre une coordination en matière d’accueil des lecteurs, de développement des collections et d’accès aux ressources électroniques.

Parmi les cas étudiés, les inspecteurs saluent la réussite de la Bibliothèque nationale de France dans l’accomplissement des six grands objectifs inscrits dans son contrat de performance 2008-2013, et en particulier sa mutation numérique ; l’accomplissement de l’ambitieux plan de développement 2005-2015 de Plaine Commune ; les bonnes performances de la bibliothèque municipale classée de Nantes ; les importantes réalisations de celle de Lyon, qui devra cependant, dans les années à venir, repenser le stockage et la conservation de ses collections patrimoniales et améliorer la culture de réseau. "Les enjeux éducatifs et les innovations sociales sont mieux pris en compte", constatent les auteurs à propos des bibliothèques municipales, tandis qu’ils observent que, dans les bibliothèques départementales de prêt, "la notion de développement des publics, et pas seulement des services au public, gagne du terrain".

Véronique Heurtematte