Le grand rabbin de France demande pardon pour plagiat

Gilles Bernheim © Olevy

Le grand rabbin de France demande pardon pour plagiat

Jusqu'à mardi soir, Gilles Bernheim niait que des passages de Quarante méditations juives (Stock, 2011) avaient été copiés d'autres textes.

Par Catherine Andreucci,
avec ca, avec afp Créé le 15.04.2015 à 20h04

Le grand rabbin de France Gilles Bernheim a reconnu un plagiat, déclarant, dans un communiqué diffusé mardi 2 avril, avoir confié une partie de la rédaction de ses Quarante méditations juives (Stock, 2011) à un «étudiant» qui l'a «trompé».

«Les plagiats démasqués sur Internet sont avérés», écrit le grand rabbin, qui explique avoir délégué «des travaux de recherche et de rédaction» de son ouvrage à un étudiant «par manque de temps». «C'est la seule et unique fois que je me suis livré à un tel arrangement. [...] Ce fut une terrible erreur [...]. J'ai été trompé. Pour autant, je suis responsable», poursuit-il.

Le blog Strass de la philosophie avait repéré le 7 mars des similitudes troublantes entre le livre de Gilles Bernheim, édité en 2011 chez Stock, et un entretien accordé en 1991 par le philosophe décédé Jean-François Lyotard à Elisabeth Weber, publié en 1996 dans Devant la loi (Desclée de Brouwer).

Gilles Bernheim avait alors assuré s'être appuyé pour rédiger ses méditations sur des cours dispensés dans les années 80. Selon lui, les photocopies de ses cours et des enregistrements sonores avaient pu être utilisés «à son insu».

Lundi, l'éditeur du livre du grand rabbin chez Stock, François Azouvi, soutenait encore cette version : «Je ne soupçonne pas Lyotard d'avoir copié les cours mais il a dû prendre connaissance de ces textes via ces enregistrements.»

Mardi, le grand rabbin a cependant opéré un revirement : «Ma réaction devant la première évidence de plagiat a été émotionnelle, précipitée et maladroite. Je l'analyse rétrospectivement comme du déni. Aujourd'hui, je la regrette.»

Entre-temps, ses arguments avaient été fragilisés par la découverte d'autres emprunts. Sur son blog Archéologie du copier-coller, l'universitaire Jean-Noël Darde a rapproché les Quarante méditations juives de paragraphes écrits bien avant les années 80 par Jean-Marie Domenach, Jean Grosjean, élie Wiesel «et probablement d'autres».

«Il y aurait, dans ce livre, d'autres plagiats qui n'ont pas été identifiés à ce stade», reconnaît d'ailleurs dans son communiqué M. Bernheim, qui ajoute : «Je demande pardon aux auteurs dont des textes ont été copiés, aux personnes qui ont lu ces Méditations, ainsi qu'à mon éditeur qui n'était pas informé de l'existence d'un tiers.» Il demande à Stock de retirer Quarante méditations juives des librairies et de sa bibliographie.

Le grand rabbin précise qu'il va écrire à Dolorès Lyotard, la veuve du philosophe, et à Elisabeth Weber «pour leur présenter [ses] excuses et leur dire le respect et l'admiration qu'[il] porte à Jean-François Lyotard».

Gilles Bernheim, 60 ans, a été élu au grand rabbinat de France en 2008, succédant à Joseph Sitruk. Il avait également publié en 2008 Le rabbin et le cardinal (Stock) avec le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. En décembre, le pape Benoît XVI avait cité son dernier essai, un argumentaire contre le mariage homosexuel.

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