Revue

La revue Le débat "disparaît", annonce son fondateur Pierre Nora. 40 ans après sa création, le 210e numéro du bimestriel, édité par Gallimard et en kiosques le 10 septembre, sera le dernier. Fondée en 1980, cette "revue d’analyse et de discussion ouverte à toutes les réflexions qui permettent de mieux comprendre les évolutions du monde contemporain" était axée sur l'histoire, la société et la politique.

Dans son éditorial, Pierre Nora annonce cette décision collective, "fruit d’une réflexion qui a longuement mûri et les raisons qui nous y poussent ne datent pas d’hier".

"Les raisons d’ordre intellectuel se combinent ici avec les raisons économiques ; elles peuvent se résumer d’une phrase : l’offre que nous représentons ne correspond plus à la demande, même si notre public nous est resté fidèle et constant", explique-t-il, soulignant "l’évolution des pratiques de lecture, les moyens qu’offrent les nouvelles technologies, les besoins mêmes de la société et son rapport de moins en moins familier avec les exigences de la haute culture".

En ligne et en livres

Selon lui, la majorité des lecteurs a tendance à consulter la revue pour un seul article ou un groupe de contributions autour d’un seul thème. Or "la consultation en ligne pour un prix beaucoup moins élevé que l’achat d’un numéro en change radicalement le sens et signe, même, la mort programmée de ce qu’a toujours été une revue". Avec cette mutation des usages, "c’est le principe même de la revue générale qui est atteint".

Lancée pour lutter contre la réduction médiatique d’un côté, la spécialisation universitaire de l’autre, pour maintenir un espace de discussion publique et pour défendre et illustrer un travail intellectuel de réflexion et de critique, Le débat, dont la rédaction en chef est assurée par Marcel Gauchet, restera disponible dans son intégralité sur le site Cairn.info.

"Le moment n’est-il pas venu, pour continuer ce type de travail, de trouver d’autres formes d’expression ?", s'interroge Pierre Nora, ouvrant l'horizon sur la collection éponyme chez Gallimard, soit un fonds de 80 titres. "Par sa présentation, par une fréquence supérieure, par des livres de formats plus variés, c’est à elle de prendre le relais", explique-t-il.

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