15 janvier > Récit Grande-Bretagne

"Nous sommes, au plus profond de nous-mêmes, des animaux férus d’histoires ; et aussi des chercheurs de réponses. La meilleure fiction fournit rarement des réponses ; mais elle formule exceptionnellement bien les réponses", nous dit Julian Barnes en ouverture de Par la fenêtre. Un passionnant recueil de 18 chroniques et une nouvelle - l’occasion d’un brillant hommage à Hemingway - où l’Anglais explique notamment que c’est à travers les livres qu’il a pour la première fois pris conscience qu’il existait d’autres mondes au-delà du sien.

Collectionneur autant que lecteur, infatigable "chasseur de livres", l’auteur d’Une fille, qui danse (Mercure de France, 2013, repris en Folio) avance ici fort justement que "la lecture est une aptitude majoritaire mais un art minoritaire". C’est avec un pareil plaisir qu’on l’écoute parler de Rudyard Kipling, qui aimait la France, ses paysages et sa cuisine, mis en scène par les frères Tharaud dans un roman à clef aujourd’hui oublié, et de L’écueil d’Edith Warthon qu’il dissèque avec minutie. Il est ici également question de la sagesse de Chamfort, des Nouvelles en trois lignes de l’intelligent et ironique Félix Fénéon ou du Bon soldat, le "premier chef-d’œuvre" de Ford Madox Ford paru en 1915. Un écrivain trop méconnu de nos jours qui vécut à Paris par intermittence dans les années 1920 et vouait une passion à la Provence.

A chaque fois, Julian Barnes prouve qu’il a l’art du détail, de l’anecdote. On se régale de l’entendre signaler qu’il a mangé un jour une pizza à Carpentras ou quand il raconte son expérience de juré au prix Novembre en 1998 aux côtés de Mario Vargas Llosa. Quand il fut longuement question d’un certain Michel Houellebecq et des Particules élémentaires. Alexandre Fillon

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