« Comme dans la fast fashion, une fast traduction ne peut concilier rapidité, qualité et bas coûts. Il faut choisir ! » Dans un document paru le 13 juin 2024, la Société française des traducteurs (SFT) tire la sonnette d’alarme.
Après avoir mené une consultation auprès de ses membres à la fin de l’année 2023, le Comité directeur du syndicat fait état de la progression de pratiques inquiétantes et de la détérioration des conditions de travail des traducteurs liés à l’emploi des intelligences artificielles génératives, basées sur de grands modèles de langage.
Les traducteurs rappellent notamment que l’essence de leur travail, l’interprétation, se concilie mal avec le fonctionnement des IA, « estimations statistiques » rapides mais faillibles : « Un locuteur natif ou un professionnel expérimenté remarquera rapidement des maladresses, des glissements de sens, voire des contresens ou encore des omissions », précise le rapport. La post-édition, qui consiste à faire corriger des traductions automatiques par des traducteurs, est une pratique de plus en plus fréquente, que 70% des membres du SFT considèrent menaçante pour leur activité et mal-rémunérée.
Une liste de bonnes pratiques
Listant point par point les défauts des intelligences artificielles génératives, le syndicat propose ensuite une liste de recommandations à l’usage des professionnels :
- Garder « les humains dans la boucle » pour éviter les erreurs graves, les biais et l’appauvrissement de la langue.
- La transparence envers le public sur la provenance des traductions, mais aussi à l’égard des traducteurs concernant l’éventuelle utilisation de leur travail pour du machinelearning.
- Des pratiques respectueuses envers les professionnels de traduction et d’interprétation.
Ces constatations rejoignent les résultats d’une étude du Symposium des traducteurs et traductrices suisses, parue le 5 mars dernier. Elle mettait en lumière le fait qu’un quart des traducteurs interrogés avaient déjà eu des propositions, de la part d’éditeurs, de post édition automatisée par l’IA.