En se plaçant sous l'égide du trop peu connu Jacques Ellul, l'homme qui a si bien saisi les mutations du XXe siècle par la technique, Randall L. Bytwerk, historien qui avoue être calviniste, examine à la loupe la propagande sous le IIIe Reich, puis dans la RDA. Il ne s'agit pas pour lui d'établir un parallèle entre le national-socialisme et le marxisme-léninisme, mais de mettre en évidence quelques permanences sur les méthodes employées pour conditionner le peuple.
Pour appuyer sa démonstration, ce professeur de communication au Calvin College à Grand Rapids (université du Michigan) rappelle l'origine catholique du mot "propagande", établie au XVIIe siècle, à l'époque du pape Grégoire XV. En se servant de ce canevas, il a dépouillé une quantité de documents que l'on peut retrouver sur le site www.calvin.edu/academic/cas/gpa en complément du livre.
Dans cet ouvrage très accessible, il pointe quelques caractéristiques, comme l'utilisation du mensonge - plus il est gros, moins il peut être démenti -, l'usage d'une bureaucratie centrale et des agitateurs, le relais des médias pour façonner une nouvelle réalité, le mur de Berlin présenté comme une protection antifasciste alors qu'il s'agissait d'enfermer, l'embrigadement des arts et des lettres, l'intrusion du parti dans la vie privée puis l'échec programmé de telles illusions totalitaires.
Comparaison n'est pas toujours raison. L'auteur sent bien qu'il marche sur des oeufs, mais il est prudent et il évite l'omelette conceptuelle. Cette dissection minutieuse de ces deux propagandes vaut en fait pour tous les systèmes du même acabit et renvoie à la phrase de Kundera : "Le totalitarisme ce n'est pas que l'enfer, c'est aussi le rêve du paradis."