Lauréate

La poétesse américaine Louise Glück, Nobel de littérature 2020

Louise Glück

La poétesse américaine Louise Glück, Nobel de littérature 2020

L'œuvre de Louise Glück, peu traduite, a déjà été couronnée par le Pulitzer et les National Book Awards.

Par Vincy Thomas, Thomas Faidherbe
Créé le 08.10.2020 à 16h12

Quasiment jamais traduite en France, la poétesse américaine Louise Glück a reçu le 8 octobre le Prix Nobel de littérature 2020. L'auteure de 77 ans a déjà été distinguée par le National Book Award en poésie en 2014 pour The Triumph of Achilles et le Prix Pulizter en 1993 pour son recueil The Wild Iris, dont une traduction française par Marie Olivier a été publiée  dans la revue Po&sie, qui a également édité des extraits de Descending Figure (1985) et Vita Nova (1999). Elle a aussi été Poète lauréat des Etats-Unis en 2003, titre le plus prestigieux dans cette catégorie.

Enseignante à Yale, elle a commencé à publier ses recueils de poèmes en 1968 (Fistborn). C'est la 16e femme à remporter ce Nobel de littérature et le 13e auteur américain tous sexes confondus distingué par l'Académie suédoise. Aux Etats-Unis, elle a été essentiellement publiée chez The Ecco Press et ces quinze dernières années chez Farrar, Strauss and Giroux. Son dernier ouvrage est un essai paru en 2017, American Originality: Essays on Poetry.

Outre ses 17 publications en plus de 50 ans, dont une partie a été traduite en espagnol, en séudois, et en allemand, plusieurs essais universitaires sont consacrés à son travail. En France, l'essai Résistance à la poésie de James Longenbach, qui étudie notamment le travail de la Nobel, a été publié en 2013 aux éditions de Corlevour. Epuisé, on retrouve aussi des poèmes de l'auteure, analysés sous le prisme de l'identité sexuelle, dans Genres, genre: dans la littérature anglaise et américaine chez les éditions Houdiard (2015).

Entre-deux

L'influence de la psychanalyse et d'auteurs comme Robert Lowell, Rainer Maria Rilke et Emily Dickinson dans son œuvre se mélange à son refus d'être catégorisée que ce soit pour son sexe, ses croyances ou son indentité. En alliant l'onirisme et l'intimité, le vivant et le féminin, elle explore les sentiments les plus profonds, autour de thèmes comme la déception, le rejet, la perte et l'isolement, donnant une tonalité assez sombre à ses poèmes. Elle s'affirme iconoclaste et préfère être dans "l'entre-deux". 

Sa place dans la littérature américaine est à cette à la fois éminente et solitaire. De la douleur au chagrin, elle décrit les passages que les émotions provoquent en nous, souvent sous la forme d'une métaphore. Ainsi le cycle des saisons se rapproche des cycles symboliques de la chute et des résiliences qui s'en suivent. Ce qu'elle cherche, c'est, dans cette réalité fragmentée, de trouver une vérité humaine, loin des des préjugés.

Parfums

Fervente admiratrice des mythes antiques, Louise Glück les expose dans la plupart de ses poèmes. Par les voix de Didon, Perséphone dans Averno (2006) et Eurydice, la poète aborde la question du moi et des illusions qui l’accompagnent. Sans être entièrement autobiographique dans ces poèmes, Louise Glück ne peut pas être considérée comme un poète de confession.

Dans un entretien en 2014, elle confiait sa manière de travailler: "Je pense que les auteurs de prose travaillent avec le récit très différemment des poètes. Quand j’essaie de concevoir un poème ou un livre, je me sens comme un traqueur dans la forêt qui suit un parfum, ne le suivant qu’étape par étape. Ce n’est pas comme si j’avais des éléments de parcelle greffés sur les murs qui s’élaboraient. Bien sûr, je n'ai aucune idée de ce que je suis en train de suivre, seulement la conviction que je le saurai quand je le verrai."
 

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