2 octobre > récit France

Retour à Béziers est un travail réunissant trois regards qui interrogent sur le rapport au politique : un documentaire de François Rabaté diffusé en juin dernier sur France 3, un reportage photographique de Sébastien Calvet et une nouvelle de Didier Daeninckx, aujourd’hui publiée chez Verdier.

L’écrivain y suit Houria Ismahen. A 65 ans, l’heure de la retraite a sonné. C’est pour elle une évidence de quitter Paris. A 16 ans, Houria était déjà sur les chaînes de Pygmy, à la Plaine-Saint-Denis. Elle a ensuite épousé un homme avec qui elle a eu deux enfants, Frédéric et Malika, puis a divorcé. Aujourd’hui, elle possède un petit appartement de quarante mètres carrés à deux pas du métro Saint-Maur et touche une pension mensuelle de 917 euros. "Pas une retraite, mais une déroute", dit-elle non sans humour.

Pourquoi ne pas revenir à Béziers ? La ville natale de Jean Moulin. Celle de son enfance, d’où elle est partie un demi-siècle plus tôt. Pour 125 000 euros, elle achète un trois-pièces au deuxième étage d’un immeuble bourgeois, en plein cœur de la cité. Rapidement, elle remarque les façades délabrées, les boutiques moribondes de la vieille ville mises à mal par l’ouverture en périphérie d’un centre commercial. Les élections approchent. Robert Ménard brigue la mairie encore tenue par Raymond Couderc dont le bilan est désastreux.

Dans les rues, Houria croise des dealers, sent une tension. Le discours du candidat socialiste la met mal à l’aise. A la mosquée, à une conférence contre l’islamophobie, elle entend l’orateur conseiller la lecture d’un ouvrage de Thierry Meyssan… Didier Daeninckx, lui, brosse un bien glaçant portrait de l’ancienne capitale du Midi viticole. Al. F.

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