Prison

La lecture, un droit précaire

L’une des trois bibliothèques du Centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne. - Photo Désirée Frappier/LH

La lecture, un droit précaire

Les services d’accès aux livres peinent toujours à trouver leur place en milieu carcéral, comme le souligne l’Association des bibliothécaires de France.

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Par Souen Léger
Créé le 27.02.2014 à 22h16 ,
Mis à jour le 28.02.2014 à 12h10

Lire en prison est un droit : la réglementation européenne le prévoit, de même que la loi française. Pourtant, s’il existe plus de 300 points de lecture dans les quelque 200 établissements pénitentiaires de France, ce service souffre de carences structurelles telles que le manque d’espace, un accès souvent difficile et un budget moyen très faible de 2 000 euros par bibliothèque. Pour prendre le problème à bras-le-corps, l’Association des bibliothécaires de France (ABF) a organisé jeudi 20 février la deuxième journée sur la place des bibliothèques dans les prisons françaises. Un thème qui mobilise les bibliothécaires comme en témoigne la participation d’une centaine de personnes à ce rendez-vous qui s’est tenu à la médiathèque Marguerite-Duras, à Paris (20e).

 

Un atout pour la réinsertion

"Au Centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne, qui s’étend sur 32 000 mètres carrés, il y a trois bibliothèques de 24 mètres carrés chacune", résume Philippe Pineau de l’association D’un livre l’autre qui s’occupe de la gestion et de l’animation de ces espaces. Si d’autres centres sont mieux lotis, le manque de place reste l’un des points noirs des bibliothèques carcérales, l’architecture des prisons n’ayant souvent pas été conçue pour accueillir de tels lieux. "L’Agence publique pour l’immobilier de la justice construit des gymnases et des terrains de sport en prison. Pourquoi pas des bibliothèques ?" questionne Philippe Pineau, engagé pour cette cause depuis près de trente ans.

Lieu de respiration dans un espace clos, la bibliothèque est aussi un petit laboratoire du "vivre-ensemble". "C’est un espace de liberté, le seul lieu de citoyenneté où il va falloir s’organiser entre détenus pour trouver des règles de fonctionnement", précise Laurence Denis, documentaliste à la maison d’arrêt de Strasbourg.

Au quotidien, ce sont souvent des détenus auxiliaires bibliothécaires qui gèrent le lieu et prodiguent les conseils, se muant parfois en écrivains publics sollicités pour rédiger les courriers. Un exemple parmi d’autres du rôle que jouent les bibliothèques dans la réinsertion des personnes détenues.

 

Poésie et philosophie

Cette fonction sociale ne doit pas masquer ce que viennent chercher les détenus dans les rayonnages : une fenêtre sur le plaisir et sur le monde extérieur. Boudés au-delà des murs des prisons, les ouvrages de poésie et de philosophie rencontrent ici un engouement tout particulier. Autre tendance, l’intérêt des bibliothécaires pour le numérique qui y voient un moyen de faciliter l’accès à la lecture dans les quartiers isolés où l’offre se résume souvent à une poignée d’ouvrages défraîchis. Souen Léger

27.02 2014

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