D es conflits moins sanglants que ceux qui sont à la une des médias se préparent. L’arrivée prochaine au cinéma de trois nouvelles adaptations de La Guerre des boutons est de ceux-là. La double page de promotion publicitaire en faveur de l’un des concurrents, publiée dans la dernière livraison du Film français , en témoigne. L’œuvre de Louis Pergaud, mort au front en 1915, tombe en effet dans le domaine public en fin d’année (j’épargne aux lecteurs de ce blog les calculs permettant d’arriver à cette date, l’équation mêlant mort pour la France et autres années de guerre nécessitant un billet en forme de cours d’algèbre…). Résultat ? Un film à 13 millions d’euros de budget signé Christophe Barratier ( Les Choristes ) est annoncé pour l’automne, déplaçant l’action en 1944. Un projet de même envergure   — TF1 est de la partie —, réalisé par Yann Samuel, tente de le doubler, en repoussant encore plus loin les limites du temps puisqu’il se déroule en 1957 ! Quant à Alexandre Castagnetti, il fait la course avec moins de moyens mais compte se faire lui-aussi une place au soleil… des salles obscures. Reste que la célèbre version d’Yves Robert (sortie en 1962) concourt toujours : la veuve du réalisateur, Danièle Delorme, en conserve précieusement les droits. Tout l’exercice des trois nouveaux compétiteurs consiste, outre à tirer le premier, à se démarquer sans trop dérouter le spectateur qui cherchera « sa » Guerre des boutons ; et donc à coller, même de façon plus noire, au roman de Pergaud. Qui va inonder les librairies sous tous les labels possibles avec a minima trois couvertures rappelant chacune l’un des films à sortir. Mais ceux-ci devront aussi jouer avec la mémoire collective : le film d’Yves Robert fait partie des plus gros succès du cinéma français… Et chacun connaît la fameuse répartie de Petit Gibus («  Si j’aurais su, j’aurais pas venu  »). Las ! La phrase ne figure pas dans le livre d’origine : elle est l’œuvre du co-scénariste et dialoguiste du film, François Boyer. Donc, pas de domaine public avant longtemps pour ce qui reste propriété intellectuelle de Danièle Delorme. Si j’avais su, j’aurais choisi d’adapter d’autres classiques…
15.10 2013

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