Reportage

À la Foire de Londres, dans les pas des éditeurs français

Le stand du Bief à la London Book Fair 2025 enregistre 205 représentants de maisons d'édition - Photo © ED

À la Foire de Londres, dans les pas des éditeurs français

« Back to business » pour les agents et responsables de droits qui se retrouvent à la London Book Fair, première grande foire internationale de l’année. Les échanges, bien que moins dynamiques que par le passé, sont toujours nombreux.

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Par Éric Dupuy
Créé le 11.03.2025 à 21h58

La Foire du livre de Londres, qui a ouvert ses portes ce mardi et se déroule jusqu’à jeudi, a démarré bien plus tôt pour de nombreux éditeurs et responsables de droits français.

Shoot the book ! Londres, première !

Cette année, le traditionnel cocktail de l’ambassadrice, à l’Institut de France, a eu lieu un jour plus tôt que d’habitude, le lundi soir, en marge du premier Shoot the book ! Londres.
Le programme de la Scelf a en effet traversé la Manche et proposé à 15 producteurs britanniques une dizaine de titres sélectionnés en amont. Un rendez-vous réussi qui devrait se pérenniser dès l’an prochain et s’ajouter au programme des nombreux autres Shoot the book !, de Séries Mania à Lille au festival de Cannes en passant par celui du Festival livre de Paris, le mois prochain.

London Book Fair
La Foire de Londres se tient dans le quartier de Kensington, à l'Olympia Hall, en travaux jusqu'en 2027 - Photo © ED

Dans les travées de l’Olympia Hall, le stand France est l’un des plus consistants. « On accueille cette année 205 professionnels accrédités », indique le directeur général du Bief Nicolas Roche. Un chiffre stable, mais « si on regarde la consommation de café, on peut imaginer qu’ils sont beaucoup plus nombreux à passer sur le stand », sourit-il.

Voir et être vu

Il faut dire que le stand du Bief est the place to be pour voir et être vu… On y retrouve Sophie de Closets, patronne de Flammarion, en discussion en anglais avec des éditeurs étrangers, derrière elle, Frédéric Martin (Robert Laffont) et Véronique Cardi (JC Lattès) ou encore Philippe Robinet (Calmann-Lévy) qui trouve « géniale » l'idée de José Carlin Perez des éditions En Exergue d'organiser un match de foot entre des équipes nationales d'écrivains en marge du Festival du livre de Paris. « Il faut encore que j'en parle aux organisateurs pour mettre cela en place, mais allier sport et littérature ne peut qu'être bien accueilli », se réjouit ce dernier. 

« J’adore les foires », s’exclame le patron des éditions Calmann-Lévy, par ailleurs président de la Scelf, en racontant qu’il vient de « passer une demi-heure riche avec un éditeur qu’il ne connaissait pas » et assurant que « cela ne pourrait se faire nulle part ailleurs ». Il sera sur la Foire jusqu’à jeudi, ce qui est devenu rare tant les maisons cherchent à optimiser les coûts de déplacement.

Devant se rendre au lancement du roman d’Aurélie Valognes à Angoulême ce mercredi, Véronique Cardi n’a que quelques heures pour rencontrer les éditeurs de Dan Brown afin de formaliser la sortie mondiale de son prochain roman qu’elle publiera le 11 septembre. Et, d’autre part, les 22 éditeurs étrangers qui ont acheté les droits du livre de Caroline DarianPour que l'on se souvienne : après le procès de Mazan, le combat pour toutes les victimes de soumission chimique. Avec celui, toujours en écriture, de sa mère, Gisèle Pelicot, confié à Flammarion. L’un des hot titles du stand français.

En deal avec Dorothée Cunéo

En amont du rendez-vous, Mon vrai nom est Elisabeth d'Adèle Yon et publié aux éditions du Sous-sol a généré un grand intérêt comme La fille au pair de Sidonie Bonnec chez Albin Michel, cédé à sept marchés juste après sa parution fin février en France. Le prochain titre du centenaire Edgar Morin a lui aussi vu ses enchères s’envoler en Italie et a été cédé à six pays avant publication.

Mais son éditrice, la patronne de Denoël Dorothée Cunéo, est ce mardi à Londres « pour acheter ». À peine le temps de prendre un café (sur le stand du Bief évidemment), qu’elle file dans le traduction center rencontrer Laurence Laluyaux, de l’agence britannique RWC. « Je viens chercher ton prochain Nobel », annonce-t-elle avec le sourire au début du rendez-vous, faisant référence aux quatre auteurs primés à Stockholm en sept ans dont son interlocutrice gère les droits, à commencer par la dernière récipiendaire, la coréenne Han Kang.

Dorothée Cunéo
Laurence Laluyaux, de l’agence britannique RWC, échange avec Dorothée Cunéo, des éditions Denoël, au traduction centre de la London Book Fair 2025- Photo © ED

Une demi-heure plus tard - rythmée par de grands gestes de l’une et de l’autre et de nombreux rires - l’éditrice ressort du rendez-vous sans avoir signé, « mais elle m’a parlé d’un roman tout à fait intéressant, on verra bien », partage-t-elle. Avant de filer trinquer avec l’agent auprès de qui elle a acquis les droits d’un titre américain, Social Gravity de la professeur de psychologie à Princeton Betsy Levy Paluck, dont des enchères sont encore en cours, en Allemagne notamment.

Déjà, la nuit est tombée en même temps que quelques gouttes de pluie sur les bords de la Tamise. Certains se retrouvent dans le terminal bondé de l’Eurostar quand d’autres restent dans les pubs des alentours de Kensington, avant de retourner à l’Olympia Hall ce mercredi à la recherche d’une belle histoire... Ce n'est pas ce qui manque à La Foire de Londres.

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