C'est une des dernières idées du président de la République. Lors d'un déjeuner organisé à l'Elysée vendredi 13 janvier avec une dizaine d'éditeurs et de libraires, Nicolas Sarkozy, inquiet sur l'avenir du premier distributeur français de produits culturels, a suggéré à ses convives d'organiser son rachat à travers un groupement interprofessionnel. Une idée qui a laissé perplexe. "Je ne vois pas ce que l'on pourrait faire, observe François Maillot, directeur général de La Procure, présent au déjeuner. La Fnac est une enseigne multiproduits. Son métier est différent du nôtre. Cela étant, personne dans l'interprofession n'a intérêt à ce qu'elle aille mal." Or les nouvelles en provenance de PPR, sa maison mère, cherche à vendre depuis plusieurs années ne sont pas rassurantes. Dans un communiqué de presse du 13 janvier, la chaîne a annoncé une baisse de 3,2 % de son chiffre d'affaires en 2011 et une réduction de moitié de son résultat opérationnel courant. En 2010, ils s'élevaient respectivement à 4,7 milliards et 188 millions d'euros. Comme l'a précisé son P-DG Alexandre Bompard au Figaro, "le marché des produits culturels, qui baissait d'environ 2 % par an depuis 2006, a reculé de 5 % en 2011. Et celui des produits techniques, jusqu'alors en croissance, est en chute de 10 % depuis mai". En conséquence, il vient d'annoncer un plan d'économies de 80 millions d'euros avec une réduction des frais généraux et surtout la suppression de 510 postes dont 310 en France, sur un total de respectivement 17 000 et 11 500. "Ces suppressions porteront exclusivement sur les fonctions support au siège et en magasins", affirme un communiqué, précisant que "les fonctions commerciales et les équipes de Fnac.com ne sont pas impactées par le projet". En France, la centralisation des fonctions de communication, finances et ressources humaines entraînerait la suppression de 209 postes en magasin (164 en province et 45 en Ile-de-France, hors Paris), tandis qu'une centaine d'autres seraient visés au siège. La première réunion avec les représentants du personnel est prévue le 26 janvier. A l'étranger où 200 postes doivent être supprimés, les implantations seront rationalisées, en particulier en Italie "où les conditions d'exploitation en propre n'étant plus réunies, la Fnac étudie toutes les options."
Parallèlement à cette rigueur rendue nécessaire par la crise, selon Alexandre Bompard, le plan de relance Fnac 2015 présenté il y a six mois se poursuit (1). "C'est en parvenant à conjuguer la mise en oeuvre de son plan d'économies et la poursuite de son ambitieux projet de développement que la Fnac retrouvera les voies de la compétitivité et d'une croissance durable, assure le P-DG. Elle réaffirmera ainsi sa place de référence sur ses marchés."
(1) Lire LH 873 du 19.08.2011, p. 59.