2 mars > Roman Italie

Certains livres souffrent d’être écrits par des petits malins, d’autres, plus rares, sont vraiment malins, c’est-à-dire intelligents et fins à la fois avec un humour qui sert à éloigner le spectre de l’esprit de sérieux. Ainsi, quand le lecteur de Tout va très bien madame la comtesse !, premier roman traduit en français de Francesco Muzzopappa, achève sa lecture et les éclats de rire qui l’accompagnent presque à chaque page, il a tout loisir de constater qu’il aura eu sur l’Italie contemporaine, celle de Berlusconi et de la crise économique, sur le triomphe de la vulgarité, le constat le plus juste et terrifiant qui soit.

C’est l’histoire d’une aristocrate turinoise dont le modèle semble à jamais déposé dans quelque film de Visconti. Maria Vittoria dal Pozzo della Cisterna (du puits de la citerne…) a trois problèmes dans la vie : le temps qui passe, l’argent qui file et son abruti de fils qui file aussi, mais le parfait amour avec une starlette siliconée échappée d’un jeu de téléréalité. Tout irait ainsi pour le mieux dans le meilleur des mondes si le rejeton passablement stupéfait n’avait eu la brillante idée d’offrir à sa douce un magnifique diamant qui est tout ce qui reste de la splendeur des Pozzo della Cisterna et l’unique garantie de résister au déclassement social qui les guette. Pour le récupérer, la comtesse, qui a plus d’un tour dans son Birkin, va devoir faire preuve d’imagination.

Servi par une traduction fluide, Muzzopappa mène son affaire avec une vivacité, un sens de la vitesse qui est l’exigence première de la comédie. Bien entendu, si tout ici est si drôle, c’est parce qu’au fond il n’y a pas de quoi rire. La société du spectacle et l’appât du gain ferment le bal de la civilisation. Quitte à s’éteindre, autant le faire comme cette délicieuse et féroce comtesse : avec style. Olivier Mony

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