Le héros du nouvel opus de Patrick Eudeline est un natif de Saint-Germain-des-Prés exilé à Pigalle. Il a la cinquantaine, des poses de mal rasé, un air de faux Gainsbourg. Antoine Bergier écrit dans les journaux, ainsi que des chansons et des romans où il parle de son arrêt de la coke et de ses "pathétiques" histoires d'amour entre le Flore et Castel.
Alors qu'il dédicace son dernier chef-d'oeuvre, le voici qui croise une créature de 20 ans et des poussières avec une robe noire, un trench-coat, un visage à boucles blondes, une nette ressemblance avec Faye Dunaway et Kate Moss. Intelligente, brillante et analytique, Camille ne laisse aucun homme de marbre avec ses longues jambes, sa peau diaphane - et on ne vous parle pas du reste.
Fille d'un businessman et d'une psychiatre persuadée qu'elle est une bonne à rien, ladite Camille a grandi à Nîmes avant de s'installer grâce aux mannes de papa-maman dans un appartement rue de la Contrescarpe. A Antoine, elle propose de le rejoindre là où elle loge depuis peu, à l'Hôtel, rue des Beaux-Arts, dans la chambre d'Oscar Wilde. Désormais, leur emploi du temps est simple : elle parle, ils font l'amour. Le reste du temps, il la regarde, avant qu'ils ne filent dépenser sans compter et s'étourdir dans les lieux branchés de la ville.
Tout pourrait être merveilleux, sauf qu'Antoine est tombé sur la beauté du diable. Une fille bipolaire qui s'installe chez lui avec son sac Birkin et son armoire à pharmacie. Qui n'aime pas qu'on la caresse mais "qu'on la prenne et qu'on la salisse". Qui passe son temps au téléphone, envoie et reçoit des SMS, s'engueule avec sa mère et rend fous les hommes - qu'il s'agisse d'un producteur fortuné ou d'une icône rock évoquant nettement Peter Doherty...
Critique rock vintage et romancier intrigant - on lui doit notamment l'excellent Rue des Martyrs (Grasset, 2009) -, Patrick Eudeline parle ici d'amour, de jalousie et de dépendance. Un cocktail qui peut se révéler dangereux.