Juliette Picquier : la révolution tranquille (4/5)
Cette semaine, Livres Hebdo présente chaque jour un des nommés pour les Trophées de l’édition 2023 dans la catégorie éditeur de l’année. Aujourd’hui, Juliette Picquier, héritière des éditions Picquier, fondées par son père en 1986.
« On s'était mis d'accord sur une période de deux ans, pour voir si j'étais vraiment faîte pour ça ». Ça, c'est la maison d'édition dont elle partage le nom de famille et qui l'a vue grandir. Faire sa carrière professionnelle chez cet éditeur spécialisé en littérature asiatique n'a pas toujours été une évidence pour Juliette Picquier.
Après deux années de classes préparatoires littéraire, la jeune fille déménage au Royaume-Uni où elle étudie la littérature comparée. A l'époque, elle a déjà fait quelques stages outre-Manche dans le secteur « histoire de faire le tour de piste de ce qu'offrait le milieu ». Alors que la jeune femme hésite à se lancer dans un doctorat, son père lui rend visite à l'occasion de la London Book Fare. Philippe Picquier aimerait que sa fille rejoigne l'entreprise qu'il a fondée en 1986 à Arles.
La jeune femme commence donc par un stage et découvre les différents aspects du métier. « Comme tous les débutants, j'étais pleine de bonne volonté. Je suis passée par les achats et les cessions de droits, détaille-t-elle, avant de travailler à la fabrication et à la presse puis de me familiariser avec l'éditorial ». Une découverte de tous les postes avant le déclic : « il y a eu cette fois où j'ai écrit ma quatrième de couverture pour la première fois, et là, c'était un non-retour. Il n'y avait plus de discussion : j'étais devenue éditrice », se souvient-elle.
Un lectorat rajeuni
En sept ans, l'éditrice a noté une certaine évolution du côté du lectorat : « Dans les années 80, le lecteur était un spécialiste dans la tranche de la cinquantaine. Désormais, notre lectorat s'est rajeuni en même temps qu'il s'est diversifié avec de très bonnes connaissances avec notamment ce qui se passe au Japon ou en Corée, » analyse la directrice. « Beaucoup de nos choix étaient axés sur des femmes en tant qu'autrices ou dans les personnages. J'ai accéléré cette tendance avec des titres comme La Colère des aubergines de Sharma Bulbul ou Les Enfants du Silence de Gong Ji-young ».
Le credo de Picquier éditions reste inchangé : traduire la littérature asiatique mais aussi faire connaître ses cultures grâce à la publication d'essais, d'ouvrages consacrés à l'art ou de livres pour enfants.
Depuis son arrivée, la jeune femme de 33 ans a également essayé de mettre en valeur d'autres genres comme le feel-good ou le nature writing. Par exemple, Des chevaux et du vent d'Akiko Kawasaki, inédit en France, devrait paraître en mars 2023. Car, avec Juliette a sa tête, Picquier éditions a aussi fait évoluer sa stratégie éditoriale : moins de livres sont publiés chaque année. « Ces dernières années ont été très belles pour nous. Nous avons moins de titre par an mais nous misons sur une sélection qui nous tient à cœur, en imposant des auteurs dans le paysage éditorial. Cela nous a permis de faire de beaux chiffres en portant plus longtemps des livres, Pour nous, c'est un très beau couronnement », indique l'éditrice.
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