Assurément l'une des plus grandes comédiennes européennes: Jeanne Moreau, légende du 7e Art, est morte ce 31 juillet à l'âge de 89 ans. L'actrice a tourné pour les plus grands cinéastes: François Truffaut, Louis Malle, Orson Welles, Rainer Fassbinder, Joseph Losey, Theo Angelopoulos, Wim Wenders, Bertrand Blier, Luis Bunuel, Michelangelo Antonioni...
Au cinéma, elle fut La reine Margot, d'après le roman d'Alexandre Dumas, Florence Carala dans Ascenseur pour l'échafaud, adapté du roman de Noël Calef, Juliette Valmont née de Merteuil dans Les liaisons dangereuses 1960 d'après Choderlos de Laclos. Parmi ses grands films, il y a eu Eva (un roman policier de James Hadley Chase), Jules et Jim (un roman de Henri-Pierre Roché), Le journal d'une femme de chambre (un roman d'Octave Mirbeau).
Jeanne Moreau a aussi été une interprète durassienne. D'abord avec Moderato cantabile, adaptation du roman de Marguerite Duras par Peter Brook, qui lui valu un prix d'interprétation à Cannes. Elle fut Mademoiselle pour le réalisateur Tony Richardson, un scénario co-signé par Duras et Jean Genet. Puis devant la caméra de la romancière dans Nathalie Granger ou en chantant India Song pour le film éponyme de l'écrivaine. Enfin, elle a accepté d'être la narratrice de L'amant, le film de Jean-Jacques Annaud d'après le livre éponyme de Marguerite Duras.
De Genet à Duras
Très grande lectrice, elle avait une collection d'ouvrages impressionnante, notamment ceux d'Apollinaire et de James Joyce. Elle ne vivait pas sans les livres. Au théâtre, elle a donné corps aux textes de Molière, Marivaux, Cocteau, Williams, Müller, et Genet. Jean Genet, justement, était l'une de ses grandes passions. Elle l'a aussi joué au cinéma, dans Querelle. On se souvient surtout de sa lecture du texte Le condamné à mort (disponible chez Naïve), dans un spectacle au Festival d'Avignon en 2011 accompagné au chant et à la musique par Etienne Daho. En chanson, elle a également interprété Boris Vian ("On n'est pas là pour se faire engueuler" en 2009). Sur le grand écran, elle fut inoubliable dans La Vieille qui marchait dans la mer, l'adaptation du roman de Frédéric Dard, qui lui permit d'obtenir un César. Par ailleurs, la comédienne a incarné la femme d'un écrivain dans L'absence de Peter Handke, qui adapte son propre roman. Ou la diva de La femme fardée, transposition du roman de Françoise Sagan. Pour le petit écran, elle fut de toutes les sagas historico-littéraires de Josée Dayan: Balzac, Les Misérables, Les parents terribles, Les Rois maudits...
En 2011, Flammarion avait publié Jeanne Moreau, l'insoumise de Jean-Claude Moireau, la plus récente biographie sur la comédienne. L'année précédente, Nouveau Monde éditions avait sorti Jeanne Moreau, une autre biographie de Marianne Gray, traduite par Odile Demange, réactualisation du livre Mademoiselle Jeanne Moreau (2003). Alain Guillo avait retracé sa carrière dans Jeanne Moreau: une étoile! (Les points sur les i éditions, 2007).