Aux fondations de la Grèce. Figure majeure de la littérature d'anticipation d'après-guerre, Isaac Asimov (1920-1992) fait partie de la trinité de la SF anglo-saxonne, « the Big Three », avec son compatriote Robert A. Heinlein et le Britannique Arthur C. Clarke. Tout comme les susnommés auteurs d'Étoiles, garde-à-vous ! (Starship Troopers en VO) et de 2001, l'odyssée de l'espace, Asimov a inspiré les cinéastes et la culture pop en général. On lui doit une collaboration avec le créateur de la série télé Star Trek. La guerre des étoiles de George Lucas n'est pas sans faire penser à son cycle romanesque de Fondation, histoire d'une civilisation future. « Moi-même j'ai largement puisé dans l'Histoire du déclin et de la chute de l'Empire romain (d'Edward Gibbon, 1776, ndlr) pour la structure d'ensemble de Fondation », avoue l'écrivain à succès dans ses mémoires Moi, Asimov (Denoël, 1996 ; Folio, 2022).
Arrivé à l'âge de 3 ans aux États-Unis avec sa famille, des commerçants juifs orthodoxes fuyant la Révolution bolchevique et les violences liées à la guerre civile, Asimov se présente dans cette autobiographie comme un génie précoce. Et pour cause : il a su lire avant même d'aller à l'école mais, surtout, il avait appris tout seul, ses parents ne sachant lire un traître mot de la langue de Shakespeare. Il s'était fait répéter les sons de l'alphabet par les gamins du quartier puis s'était entraîné à déchiffrer les panneaux d'affichage dans la rue. Plus tard, le jeune Isaac sera à la fois un rat de bibliothèque dévorant l'Iliade et Les trois mousquetaires, et un fan absolu de pulp, cette littérature de genre bon marché, en vente dans la boutique paternelle.
Si son œuvre est associée à des épopées futuristes peuplées de robots, le polymathe qu'est Asimov s'intéresse à tout et surtout à la transmission de ce qui le passionne. Il fut un grand vulgarisateur des sciences mais également d'histoire. Après La République romaine puis L'Empire romain (Les Belles Lettres, 2023 et 2024), paraît chez le même éditeur Les Grecs. De Mycènes et Troie à la fin de l'empire ottoman en passant par la guerre du Péloponnèse, Sparte, la paix romaine, le triomphe du christianisme... c'est avec l'intention originelle de son auteur que la traduction de Christophe Jaquet restitue cette histoire des Hellènes à travers une langue simple et accessible et dans une édition agrémentée d'illustrations signées Benjamin Van Blancke. Ainsi Asimov nous embarque-t-il avec son regard humaniste teinté d'esprit sceptique, voire mordant. À propos de l'avènement d'Alexandre, fils de Philippe, roi de Macédoine, il dépeint la réaction du peuple devant le futur conquérant : « Réprimant leur jubilation en voyant que le jeune homme était non pas un nouveau Philippe mais un Philippe au carré, les Grecs se calmèrent aussitôt. »
Les Grecs
Les Belles Lettres
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Christophe Jaquet
Tirage: 12 000 ex.
Prix: 21 € ; 388 p.
ISBN: 9782251456959