Jugeant "qu'il serait inéquitable de laisser totalement à la société les éditions Stock et à Simon Liberati la charge de leurs frais irrépétibles", le Tribunal a condamné Irina Ionesco à leur verser la somme de 3 000 € "au titre de l'article 700 du code de procédure civile", indique l'ordonnance de référé.
La plaignante et belle-mère de l'écrivain qualifiait d'atteintes à sa vie privée "sept passages faisant état de sa filiation incestueuse, de ses relations sentimentales, de sa santé et de son hygiène de vie, enfin de son rapport à l'argent et de son patrimoine".
Dans son ordonnance de référé, le Tribunal fait valoir qu'Irina Ionesco jouit déjà d'une notoriété certaine dans le monde de la photographie, notoriété qui s'est étendue au grand public avec le film My Little princess, réalisé par sa fille Eva et présenté à Cannes en 2011. Il rappelle également, tout en reconnaissant que plusieurs éléments du roman constituent une atteinte à la vie privée, que la plaignante avait elle-même révélé dans son roman autobiographique L'Oeil de la poupée (Antoinette Fouque) nombres d'informations contenues dans Eva.
Enfin, le Tribunal a jugé que la suppression et l'interdiction de certains passages du roman, l'un des plus attendus de la rentrée littéraire, était "disproportionées" compte tenu de "la proximité de la mise en vente du livre le 19 août prochain".
Irina Ionesco, dans un communiqué signé par son avocat Me Emmanuel Pierrat, a indiqué qu'elle "regrett[ait] cette décision, qui ne prend malheuresement pas en compte le préjudice qui sera le sien dans le cadre de la publication de cet ouvrage". Emmanuel Pierrat rappelle par ailleurs qu'il convient "de ne pas faire de confusion entre cette procédure et une action intentée précédement par Mme Eva Ionesco contre sa mère Mme Irina Ionesco qui n'a pas le même objet, la même motivation, ou encore qui ne relève pas des mêmes faits".
Irina Ionesco conserve la possibilité de faire appel ou de mener une procédure au fond.