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Hélène Pourquié : "Le traducteur est le meilleur porte-parole d’un livre"

Hélène Pourquié et Claire Darfeuille - Photo Dahlia Girgis

Hélène Pourquié : "Le traducteur est le meilleur porte-parole d’un livre"

La libraire et co-fondatrice du festival des traducteurs VO-VF, Hélène Pourquié revient sur l'organisation de la manifestation qui a eu lieu le week-end dernier en Essonne, ainsi que sur l'évolution de l'image des traducteurs.

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Par Dahlia Girgis,
Créé le 08.10.2021 à 11h30

La 9e édition du festival des traducteurs VO-VF s'est déroulée du 1er au 3 octobre à Gif-sur-Yvette en Essonne. La libraire et co-fondatrice de l'événement, Hélène Pourquié revient sur l'organisation et l'origine de la manifestation, ainsi que sur l'évolution de l'image des traducteurs.

Quel est le public du Festival VO-VF ? 
Le festival est destiné au grand public. Parmi la programmation, gérée par Claire Darfeuille, une importance est accordée au volet jeunesse. Nous voulons faire participer les gens et la ville au festival. Nous présentons également des thématiques liées à l’actualité. Dans cette édition, nous avions des rencontres sur le féminisme, l’écologie ou encore sur le doublage autour de la série de Netflix, Le Jeu de la Dame. Pour autant, nous abordons également des thèmes "plus techniques" comme notre conférence sur les Aztèques. Même pour des sujets "pointus", au bout de 3 minutes, nous sommes embarqués. Les traducteurs sont de parfaits passeurs, ils savent donner l’envie de lire. Ils connaissent mieux que personne l’ouvrage car ils ont travaillé et effectué des recherches dessus pendant des mois. Par rapport à l'auteur, ils sont plus dégagés de l'œuvre, plus objectifs. 

Constatez-vous une meilleure reconnaissance du métier de traducteur ? 
Au départ, nous avons eu des difficultés avec certains éditeurs. Pour eux, le traducteur était davantage vu comme un outil. Seul l’auteur devait être mis en avant. Cela a beaucoup évolué. Aujourd’hui, des maisons d’éditions ajoutent sur le bandeau du livre le nom du traducteur ou même sa biographie, au côté de celle de l’auteur. Pour moi, en tant que libraire, le choix du traducteur peut être un argument de vente. A force de les côtoyer et de les connaître, nous voyons les différentes qualités de traduction.  Les traducteurs se sentent plus libres et plus légitimes. Il suffit de voir les nouvelles traductions de Dostoïevski par André Markowicz. Il restitue l'oralité de la langue russe, que nous ne trouvions pas dans les versions précédentes.

Comment s’est organisée, il y a neuf ans, la première édition ? 
Nous avions déjà un intérêt dans ma librairie pour la traduction et la littérature étrangère. Lors d’une rencontre organisée avec une écrivaine iranienne, nous avons rencontré son traducteur Christophe Balaÿ. Nous nous sommes rendu compte que le traducteur est le meilleur porte-parole d’un livre. Nous avons lancé des invitations au hasard, à l’époque nous ne connaissions pas encore l’ATLF (Association des traducteurs littéraires de France, ndlr). Nous avions réussi à avoir des traducteurs et auteurs réputés comme Agnès Desarthe, auteure d’un livre sur la langue. Nous avons découvert qu’il y avait un réel intérêt pour la langue et ses coulisses.

Quels projets souhaitez-vous développer dans l’avenir ? 
Le festival se prépare près d’un an en amont. Au début nous faisons tout avec des bénévoles. Aujourd’hui notre équipe composée de cinq personnes comporte trois intermittents. Pour faire perdurer l’événement toute l’année, nous organisons des rencontres et interviews de traducteurs qui sont ensuite diffusés sur nos réseaux. Nous allons également lancer un concours d’éloquence dans les collèges et lycées. Les élèves devront choisir un livre en langue étrangère et le défendre. 

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