Le groupe Lagardère a dévoilé, mardi 26 avril, une croissance robuste de son chiffre d’affaires global sur le premier trimestre 2022 (+38,1% en données comparables), stimulé par l’accélération de la reprise de ses activités Travel Retail. Sur sa partie édition (Lagardère Publishing, à savoir le groupe Hachette Livre) la progression du chiffre d’affaires est plus légère (+1,4% en données comparables) « sur une base historiquement élevé », d’après un communiqué du groupe dirigé par Arnaud Lagardère.
« Ceci traduit un niveau élevé d’activité après une dynamique sans équivalent enregistrée ces deux années précédentes; on note toutefois une tendance moins favorable pour le marché de l’édition en mars », peut-on y lire aussi. La hausse est surtout due aux activités internationales du groupe et, en France, la branche édition enregistre même une légère baisse de son chiffre d’affaires (-1,3%). « Le niveau d’activité reste quasiment stable en Littérature générale, notamment avec le succès des best-sellers Les Fossoyeurs de Victor Castanet et Le Grand Monde de Pierre Lemaitre. Par ailleurs, le segment Illustré bénéficie d’un rebond du tourisme et d’un riche programme de parutions sur les mangas », est-il précisé.
A noter que les plus fortes hausses des activités éditoriales du groupe se situent en Espagne/Amérique latine (+34,5% de chiffre d’affaires, en raison de la reprise des activités au Mexique). A noter aussi que le poids du livre numérique dans le chiffre d’affaires total d’Hachette s’établit à 8,1% contre 9,0% au 1er trimestre 2021 et celui du livre audio à 4,8% contre 4,6% au 1er trimestre 2021.
« Léger fléchissement » chez Editis
Le 25 avril, l’autre géant français des médias et de l’édition, Vivendi, a dévoilé une hausse de son chiffre d'affaires de 13,4% au premier trimestre, tiré par Canal+ et le rebond d'Havas, tandis que sa filiale d'édition Editis, qui doit prochainement se rapprocher d'Hachette, affichait un « léger fléchissement », selon un communiqué.
Sur la période, Vivendi a enregistré un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros, en hausse de 13,4% et de 7,9% à taux de change et périmètre constants, intégrant notamment l'acquisition du groupe de magazines Prisma Media (+73 millions d'euros), consolidé depuis juin 2021 dans les comptes. Les ventes de l'éditeur Editis diminuent pour leur part de 1,7% à 160 millions d'euros, un recul attribué par le groupe à un marché en baisse.
Rappelons qu’Editis doit se rapprocher de son grand concurrent Hachette à l’issue de l’offre publique d’achat (OPA) de Vivendi sur Lagardère, initiée mi-avril. Le projet d’offre a été en outre déposé auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) le 21 février 2022. L’offre a été prononcée conforme et s’est ouverte au 14 avril 2022 pour une période de 25 jours de bourse, soit jusqu’au 20 mai 2022. L’obtention de l’autorisation de la Commission européenne est toujours visée par Vivendi au second semestre 2022.
Vers un « leader mondial de l’édition » ?
Lors de l’Assemblée générale du groupe Lagardère, qui s’est tenue vendredi 22 avril, Arnaud Lagardère est longuement revenu sur le rapprochement « prometteur » à venir entre les deux géants.
« C'est une autre vie, un Lagardère nouveau et bien plus prometteur qui s'ouvre à nous », a-t-il lancé lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe au Casino de Paris, retransmise en vidéo pour les journalistes. Avec Vivendi, « nous avons des ambitions qui dépassent les ambitions françaises. Elles sont européennes et elles sont mondiales, sans que bien évidemment cela ne remette en cause la liberté d'expression et d'écriture de tous nos auteurs », a-t-il poursuivi.
Arnaud Lagardère a rappelé avoir sollicité lui-même il y a deux ans l'aide de Vincent Bolloré, alors qu'il était confronté à une mauvaise passe actionnariale. Depuis, le groupe du magnat breton est monté au capital et a lancé mi-avril une offre publique d'achat (OPA) pour prendre officiellement le contrôle du groupe fondé par Jean-Luc Lagardère, disparu en 2003.
« L'idée, c'est de devenir le leader mondial du marché du livre et c'est réalisable », a déclaré Arnaud Lagardère, qui compte sur les moyens financiers de Vivendi pour se lancer dans des acquisitions supérieures à un milliard d’euros. Le mariage entre Hachette et Editis, qui à eux deux écraseraient le marché français de leur domination, ne sera toutefois pas autorisé sans céder des maisons d'éditions.
Retrouvez l'ensemble de nos articles sur Vivendi et Lagardère à cette adresse.
Notre saga sur le rachat en 2002 de Vivendi par Lagardère et à retrouver à cette adresse.