Pour la première fois depuis 1996, les académiciens ont dû s’en remettre au règlement de la « voix qui compte double » pour désigner la lauréate du prix Goncourt 2022, Brigitte Giraud. Et, comme en 1968, cela n’a pas plu. Verra-t-on des démissions comme Louis Aragon l’avait fait en guise de contestation cette année-là ? Rien n’est moins sûr. Retour sur les coulisses de cette élection qui « va laisser des traces », selon plusieurs de ses protagonistes.
« Le prix Goncourt 2022 a été attribué au 14ème tour de scrutin à Brigitte Giraud à cinq voix contre cinq voix pour Giuliano da Empoli, la voix du président comptant double au 14ème tour », a lapidairement déclaré Paule Constant au micro installé en bas des marches du restaurant Chez Drouant, avant de remonter rapidement rejoindre le salon du Goncourt. Il est 12h50 ce jeudi et la cohue des journalistes au rez-de-chaussée est moins importante que les années précédentes. Il n’empêche, plusieurs dizaines d’entre eux grimpent au salon aussitôt les annonces du Goncourt et Renaudot faites.
"L'affaire libanaise"
Les huitres Madec au caviar Schrenkii x Dauricus ne sont pas encore servies, et le fumet qui se dégage du salon Goncourt évoque plutôt la poudre, celle de la bataille de tranchée qui s’est jouée dès le premier tour des votes. Selon le témoignage de plusieurs jurés, cinq voix ont été attribuées à Giuliano da Empoli et cinq à Brigitte Giraud au 1er scrutin, et personne n’a fait évoluer son choix, malgré les avertissemen
Lire la suite
(2 340 caractères)