Comme l'un de ses héros, le jeune Germinal, invité à une bien singulière résidence d'auteur dans un manoir isolé de tout, en tête-à-tête avec un inquiétant baronnet, Georges-Olivier Châteaureynaud est un apôtre du « fantastique adulte », c'est-à-dire cérébral, pur, débarrassé de ses accessoires du XIXe siècle : fantômes, vampires, envoûtements, miroirs magiques et poudre de perlimpinpin... Oui mais voilà, comme Germinal, victime d'une goule aussi sexy que redoutable, Châteaureynaud ne résiste pas au plaisir de revisiter, de jouer avec les codes de son genre fétiche.
Dans ce nouveau recueil, cet écrivain rare met en scène, entre autres, une dangereuse morte amoureuse, ou encore, à la première personne, un escroc repris de justice qui, roulant aux abords d'un stade en proie à un violent attentat terroriste, se retrouve avec, sur la banquette de sa voiture toute neuve, la tête sanguinolente du coupable présumé, tête qui est encore vivante ! Humour noir.
Sinon, les huit autres nouvelles, moins macabres (quoique), jouent sur les univers parallèles, à la manière de Lewis Carroll, personnage lui-même d'une histoire, où il retrouve, dix ans après, une jeune Alice. Plusieurs de ses héros sont des auteurs, vieillissants et ringards, à qui il arrive des mésaventures bizarres. Écrivains, méfiez-vous des résidences ! Quant à passer derrière le miroir, c'est un peu la loi du genre, surtout guidé par un Châteaureynaud facétieux et virtuose. Mais où va-t-il chercher tout ça ?
Ce parc dont nous sommes les statues
Grasset
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 18 € ; 208 p.
ISBN: 9782246831433