Ressuscité en mars dernier par l’écrivain Frédéric Beigbeder et le philosophe Frédéric Schiffter, le prix Paul-Jean Toulet a récompensé, samedi 17 mai, un troisième Frédéric, le franco-suisse Frédéric Pajak, pour le 10^e tome de son Manifeste incertain, Les Étrangers (Noir sur Blanc). Le lauréat s’est vu remettre la distinction sous le soleil Guéthary, dans le jardin de la maison Etcheberria où s’est éteint l’auteur des litaniques Contrerimes.  

Une œuvre hybride

Fils de l’artiste peintre Jacques Pajak, Frédéric Pajak est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages dans lesquels il contribue à la fois comme auteur, à la fois comme illustrateur. En 1999, il s’illustre avec L’Immense Solitude (PUF), œuvre hybride où dessin et texte s’entremêlent de façon tout à fait originale. Lauréat du prix Michel-Dessan l’année suivante, l’ouvrage inaugure les premiers honneurs pour son auteur.

Ce dernier poursuit son exploration artistique avec Le Chagrin d’amour (2000), mise en scène de Guillaume Apollinaire, avant de publier, six ans plus tard, le roman La Guerre sexuelle, suivi d’Autoportrait aux éditions Gallimard. Fondateur de plusieurs revues, dont L’Imbécile de Paris, Frédéric Pajak est également devenu éditeur chez Buchet Chastel de la collection « Les Cahiers dessinés ».

Une saga anti-romanesque

En 2014, il reçoit le prix Médicis de l’essai pour le 3^e tome de Manifeste incertain (Noir sur Blanc), fresque anti-romanesque débutée deux ans plus tôt et interrogeant l’Histoire, l’avenir du roman, la culture de masse ou encore le fascisme, en convoquant des figures aussi complexes et antinomiques que Walter Benjamin, Bram van Velde, Samuel Beckett, Van Gogh, Emily Dickinson, Marina Tsvetaïeva ou encore Fernando Pessoa. Le 7^e tome de cette saga fourmillante se voit même couronné du prix Goncourt de la biographie en 2019.

Dans le 10^e opus, Les Étrangers, Frédéric Pajak s’attaque cette fois à la création littéraire et artistique du XX^e siècle en abordant les trajectoires de l’écrivain britannique Malcolm Lowry, parti aux États-Unis, au Mexique avant de gagner le Canada, et de l’artiste suisse Alberto Giacometti, installé à Paris.

Alors que Frédéric Pajak remporte en 2021 le Grand prix suisse de littérature, il est de nouveau récompensé en 2023 du prix Flaubert pour Dans le calme du soir, récit autobiographique sur son enfance. 

Le jury, présidé par Frédéric Beigbeder, était composé cette année de Frédéric Schiffter, Frédéric Martinez, Florence Chataignier, Aude Lancelin, Maria Larrea et Léon Mazzella.