Un vent de fraîcheur piquant est venu souffler sur la salle de conférence du Salon du livre ce vendredi 16 mars. Quatre libraires, conviés par Livres Hebdo à l'occasion des dix ans de l'Association internationale des libraires francophones (AILF), ont raconté leurs stratégies pour développer le livre francophone à l'étranger.
Plus de soixante-dix personnes sont donc venus écouter Thierry Millogo, propriétaire des librairies Mercury au Burkina Fasso, Maryline Noël, à la tête du Comptoir à Santiago du Chili, Jacques Bernard, directeur du Forum à Fremantle en Australie, Michel Choueiri, patron de El Bourj à Beyrouth et président de l'AILF, accompagnés de Jean-Baptiste Dufour, directeur export chez Volumen et Christophe Balme, directeur de la diffusion internationale chez Dilisco.
Pour tous, sortir des quatre murs de la librairie et créer de l'événementiel est primordial. «Il faut aller chercher les lecteurs là où ils sont et leur proposer des livres en accord avec leurs intérêts quotidiens», martèle Thierry Millogo, qui n'hésite pas à installer ses rayonnages dans des salons de coiffure et des magasins d'alimentation ou même à improviser des «libraires par terre» : des revendeurs disséminés dans Ouagadougou et qui livrent des ouvrages à la demande.
Tous privilégient également les lecteurs locaux et le travail avec les Instituts français. «On ne peut pas penser faire une librairie francophone uniquement pour les expatriés. Ce qui m'amuse, c'est justement de vendre des livres français aux Chiliens», s'enthousiasme Maryline Noël.
Parmi les points noirs, les libraires déplorent tout à la fois le prix des livres, renchéris par les taxes malgré un effort de remise accordé par les distributeurs, les délais d'acheminement, qui peuvent varier d'une vingtaine de jours à plus de 200, et surtout le manque d'implication des éditeurs qui, en grande majorité, ont une «connaissance nulle du travail de ces libraires. Mais quand ils prennent la peine de se déplacer, ils deviennent très admiratifs», souligne Jean-Baptiste Dufour.
Comme en France, ils ont également à se battre contre la concurrence sur Internet, et notamment Amazon, qui affiche parfois des délais de livraison plus courts, mais, comme le rappelle Thierry Millongo, «le libraire ne doit pas resté figé et doit s'adapter. Si tu ne t'occupes pas de ton client, un autre s'en occupera.»