En 1748, le traité d'Aix-la-Chapelle scelle la paix entre la France et l'Autriche, mettant un terme à sept longues années d'un conflit absurde, puisque la France malgré sa victoire n'obtint rien. Pour ironiser sur l'impéritie de Louis XV, on disait « bête comme la paix ». Rien hormis une haine viscérale de l'Autrichien. Alors quelle ne fut la surprise lorsque le souverain décide de marier son petit-fils, le dauphin et futur Louis XVI, à la fille de celle-là même contre qui il avait naguère guerroyé, Marie-Thérèse d'Autriche ! Cela dit, la jeune archiduchesse qui n'a pas 15 ans quand elle devient dauphine, attise d'abord la curiosité avant l'avalanche de critiques qui ne fera que s'amplifier jusqu'à sa fin tragique.
Quand elle débarque en France, l'avant-dernière des seize enfants du couple que forment Marie-Thérèse et François-Etienne, empereur du Saint-Empire romain germanique, est fraîche, pétillante et pas du tout préparée aux fonctions qui l'attendent auprès de son conjoint. Son éducation a été sommaire, son caractère est léger et, quoique née dans un palais, elle a connu un environnement plutôt intime et familial à mille lieues des rigueurs de l'étiquette de Versailles. Mais dans le domaine où elle est cantonnée - la cour - Marie-Antoinette se révèle bien plus que l'écervelée dispendieuse dont l'historiographie révolutionnaire a laissé l'image. Elle marque son époque, ne fût-ce que du point de vue vestimentaire.
Dans Marie-Antoinette l'Affranchie : du renversement de l'étiquette à la libération, Sylvie Le Bras-Chauvot, ancienne journaliste de mode et passionnée de l'histoire du costume, rend justice à l'ultime fashion icône de l'Ancien Régime. Ce portrait de la reine, côté chiffons, est doublé d'un « Versailles pour les nuls ». De l'étiquette qui impose le grand habit de présentation avec son manteau plissé dit « à la Watteau » et autres robes à corset plus proches du carcan aux princesses du sang et dames d'atour, à Mlle Bertin, marchande de mode de la reine, ou à Léonard concepteur de coiffures excentriques, on apprend tout de ce monde que la Révolution allait engloutir. Marie-Antoinette appartient aussi à son temps, le XVIIIe siècle finissant imbu de l'idée de « Nature » bonne, elle joue à la bergère au Trianon, préfère les cheveux noués plus librement, « un corps de robe plus en phase avec la morphologie naturelle », aux étoffes souples et chatoyantes, à la traîne moins encombrante. Marie-Antoinette, rousseauiste malgré elle.
Marie-Antoinette, une reine... révolutionnaire !
Armand Colin
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 20,90 euros ; 368 p.
ISBN: 9782200627935