La groupie du guitariste. Nous sommes à l'été 1963. Dans les petits clubs enfumés d'Oxford, les Beatles, dont la carrière commence à s'envoler, font rêver tout le monde. Les garçons, souvent des fils de prolos (Working Class Hero, chantera plus tard John Lennon) sans perspectives d'avenir, qui grattouillent la guitare et poussent la chansonnette en attendant de percer. Et les filles qui, dans leur sillage, se voient en compagnes de stars, menant une vie à la fois intense et oisive. Beaucoup d'appelés et peu d'élus, bien sûr. Pour la majorité, c'est retour à l'usine, comme papa, ou mariage, comme maman. « The dream is over », comme dira aussi Lennon...
En attendant, au Bootleggers Club, la boîte la plus louche de la très chic cité oxonienne, gérée pour le compte de gros bonnets mafieux par le non moins louche Felix Simpkins, c'est l'effervescence. Un groupe local, les Rainbirds, est en train de se faire remarquer. Quatre nouveaux garçons dans le vent sur le point d'être signés (et grugés) par le puissant producteur londonien Titus Crowther-Beauley, venu dans sa Bentley assister à leur concert. Tandis que les artistes attendent le moment de leur set, l'un d'entre eux, le beau Ray Reason, 19 ans, qui s'est autoproclamé chanteur et guitariste vedette, a une explication orageuse avec sa fiancée, Lindy-Lou, 18 ans. Ça se termine même en algarade. Peu après, Ray est retrouvé mort, la tête doublement frappée dans l'escalier qui mène aux loges minables. Enquêtent sur cette affaire l'ancien chirurgien devenu coroner Clement Ryder, son acolyte la jeune fliquette futée Trudy Loveday, et Vincent Ryder, le fils du premier, architecte en vacances qui aime bien se mêler d'affaires policières et beau gosse qui fait fondre Trudy (et réciproquement). Il leur apparaît vite évident que le décès ne peut être accidentel. Tous les présents ce soir-là au Bootleggers sont des suspects potentiels. À commencer par le gérant, Felix, Titus le futur manager, mais aussi Marty, le rival de Ray au sein du groupe, beaucoup moins charismatique, et sa petite amie Jenny, une sacrée garce qui entend bien manipuler son homme et profiter de son ascension. Les investigations seront minutieusement menées, avec tact, et, of course, la fine équipe élucidera le mystère.
Hélas, avec cet épisode, Faith Martin, l'une des reines du cosy crime, met fin à sa série des enquêtes de Ryder. Celui-ci, se sachant atteint de Parkinson, démissionne. Espérons que Trudy, qui va recevoir du galon, reprendra le flambeau avec Vincent.
Dernière danse à Oxford. Une enquête de Loveday & Ryder
HarperCollins
Traduit de l'anglais par Benjamin Kuntzer
Tirage: 6 000 EX.
Prix: 14,90 € ; 356 p.
ISBN: 9791033915577