Livres Hebdo : Quel bilan tirez-vous de ces Assises de l’édition indépendante ?
Esther Merino : Nous avons vu que nous pouvons nous parler, échanger, et que c’est dans l’intérêt de tout le monde, au sein de l’interprofession d'exposer ses problématiques. Ce matin par exemple, il y a eu des pistes de réflexion sur certains sujets. Mais on ne cherche pas non plus à trouver des solutions toutes faites qui pourraient se mettre en place dès demain. Les Assises sont un lieu pour planter des graines et créer ce terreau fertile de la discussion, du lien et du partage. Nous avons tous des problématiques, peu importe notre place dans le maillon de la chaîne. Des éditeurs expliquent comment ils procèdent autrement quand ils sont moins présents en librairies. Ils donnent des idées pour continuer de faire tourner leur maison, amener les livres qu’ils publient vers les lecteurs. Ces différentes pistes sous formes de retour d’expérience ouvrent le champ des possibles. C’est un travail qu’il faut continuer à mener au-delà de ces Assises et c’est très bien s’il commence ici.
Les petits éditeurs n'en ont pas moins des marges de manoeuvre inférieures à celles des grands groupes, par exemple s'agissant de la négociation des contrats...
Il est vrai qu'on a moins de poids sur les contrats quand on est petit, et donc moins de possibilités de négociations. Mais chaque contrat se négocie individuellement et nous avons organisé un atelier consacré à ce thème.
Une part non négligeable des éditions indépendantes a le sentiment d'évoluer en-dehors du système. Comment réussir à les intégrer ?
La chaîne du livre est là, mais il est vrai que parfois elle ne suffit plus et qu'il faut aussi trouver d’autres moyens de mener les livres que nous éditons aux lecteurs. S’adapter à l’évolution que prend aujourd’hui le monde passe en particulier par l’intégration des moyens de publicité ou des moyens de communication qui se sont énormément développés depuis 10 ans, à l'image des réseaux sociaux. Quelqu’un a évoqué le système de coédition pour éditer les livres avec d’autres partenaires qui ne sollicitaient pas les maisons d’édition avant. Enfin, des éditeurs se regroupent pour faciliter la diffusion de catalogues communs. On peut aussi discuter avec des libraires très ciblés. De nombreuses graines ont été semées durant ces Assises.