Rentrée d'hiver 2022

Essais et documents : Vers demain et au-delà

Emmanuel Macron à l'inauguration de Livre Paris 2018. - Photo Olivier Dion

Essais et documents : Vers demain et au-delà

Année présidentielle oblige, les livres politiques sont légion, accompagnés du diptyque environnement et féminisme. Les catalogues de cette rentrée d'hiver des essais et documents font aussi émerger des préoccupations liées au numérique ainsi que des enquêtes journalistiques. Au total près de 1500 nouveautés sont attendues.

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Par Cécilia Lacour
Créé le 30.12.2021 à 15h11

En avril, les Français devront élire le prochain ou la prochaine président(e) de la République française. Et dans l'édition, « élection » pourrait presque rimer avec « livres politiques ». Après une première vague de publications lors de la dernière rentrée littéraire, la politique française continue d'irriguer le programme des éditeurs. Les maisons misent aussi sur des valeurs sûres, les thématiques environnementales et féministes, tout en faisant émerger des préoccupations autour du monde numérique et des enquêtes journalistiques. Au total, 1 497 nouveautés sont programmées, selon Electre Data Services interrogée mi-novembre, dans les catégories essais, documents, enquêtes-investigations et témoignages pour janvier et février. Une production en repli (-4 %) par rapport à la rentrée d'hiver 2021.

Quelques titres dressent le bilan du quinquennat d'Emmanuel Macron. Sa présidence, de la scène officielle aux coulisses, est contée dans Le solitaire du palais de Laurence Benhamou (Robert Laffont). L'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne (Attac) dresse le bilan du quinquennat de Macron dans un texte à paraître aux Liens qui libèrent. Avec Macron, le disrupteur (L'Observatoire), Isabelle Lasserre expose la politique internationale du président de la République. Thomas Dreneau analyse les Cynisme et mensonge (Libre & Solidaire) des institutions démocratiques françaises depuis la dernière élection présidentielle. Dans Emmanuel Macron à contretemps (Bayard), Olivier Mongin et Lucile Schmid soulignent le décalage entre les espoirs progressistes qu'il incarne en Europe et sa politique sécuritaire et migratoire. À travers les lois votées pendant ces cinq dernières années, Philippe Pascot dénonce Le pouvoir du pire (Max Milo). S'appuyant sur les relations ambiguës qu'entretiennent les Français avec le Président, Nicolas Domenach et Maurice Szafran s'interrogent : Macron, pourquoi tant de haine ? (Albin Michel). Avec Treize mercenaires (Au Diable Vauvert), Juan Branco dénonce quant à lui les manipulations et l'avidité des gouvernants sous la présidence Macron.

Parmi les candidats déclarés, seule l'ancienne présidente du Rassemblement national fait l'objet d'un unique ouvrage : La dernière chance de Marine Le Pen d'Ivanne Trippenbach (L'Observatoire). Éric Zemmour occupe trois titres. Laurent Joly analyse son discours historique dans La falsification de l'histoire (Grasset). Pourquoi Zemmour ? se questionnent Noël Mamère et Patrick Farbiaz chez Les Petits Matins, quand Gilles Gaetner s'interroge : Zemmour, et si l'incroyable survenait ? (Mareuil).

La France dans tous ses États

Ils se croient tous présidentiables, résume Laurent-David Samama chez Bouquins. Financement illégal des campagnes, détournement de fonds publics, corruption, emplois fictifs, fraude fiscale... Alors que les mises en examen de membres des gouvernements s'enchaînent, Ambre Bartok se questionne : Vont-ils continuer à se moquer de nous ? (Albin Michel). Chloé Morin décrypte la détestation du monde politique en France dans On a les politiques qu'on mérite (Fayard). Luc Rouban analyse Les raisons de la défiance (Presse de Sciences Po) tandis qu'Hervé Gaymard et Arnaud Teyssier se demandent Où va la Ve République ? Avec Public (Anamosa), Antoine Vauchez expose ses réflexions sur la baisse de légitimité publique de l'État français.

Avec L'emprise : qui dirige vraiment la France ? (Le Seuil), Marc Endeweld enquête sur la position du pays à l'échelle mondiale. Agnès Verdier-Molinié dresse Le vrai État de la France (L'Observatoire) et propose dix réformes que le futur président devra engager. Aurélien Delpirou et Frédéric Gilli livrent 50 cartes à voir avant d'aller voter (Autrement), un atlas présentant les principaux défis et enjeux de la France. Laetitia Strauch-Bonart préfère exposer des éléments optimistes qui permettent, selon elle, de faire une nation dans De la France (Perrin). Stéphanie Hennette-Vauchez analyse La démocratie en état d'urgence (Le Seuil). Mathieu Slama décrypte le nouveau totalitarisme soft dans Adieu la liberté (Presses de la Cité).

Philosophie Magazine Éditeur réunit les essais de 22 penseurs pour 2022. Jean-Claude Devèze et Jo Spiegel présentent douze enjeux pour amorcer un changement en France dans Ensemble, choisir, inventer, édifier notre pays (Chronique Sociale). Frédéric Gilli lance des pistes pour réinventer la citoyenneté et réaliser La promesse démocratique (Armand Colin). Dans Que veulent les Français ? (L'Aube), Antoine Bristielle éclaire l'opinion publique sur de nombreuses thématiques comme l'écologie, l'immigration ou la laïcité. De son côté, Martin Hirsch propose d'organiser des Référendums (Stock) pour recueillir l'avis des citoyens français tandis que Didier Le Bret enquête sur le grand débat national lancé fin 2018 dans Rendez les doléances ! (JC Lattès).

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Alors que l'échéance électorale se rapproche, Alexandre Dézé invite à se méfier des enquêtes d'opinion dans 10 leçons sur les sondages politiques (De Boeck Supérieur) tandis que Frédéric Michaud analyse la dramaturgie mise en place autour des enquêtes d'opinion dans Les sondages et la présidentielle (Cerf). Avec leur Guide des perplexes et des égarés (Le Passeur), Thierry Merle et André Touboul livrent les clefs pour faire le tri dans les promesses politiques.

Au chevet de la planète

Alors que la COP26 s'est refermée le 12 novembre sur des « pas en avant bienvenus » mais insuffisants selon le secrétaire général de l'Organisation des nations unies António Guterres, l'environnement s'enracine dans les catalogues. Alain Persuy montre comment résister au mouvement d'industrialisation des forêts dans Sauvons les forêts (Double Ponctuation). Dans Qu'est-ce que le crime environ-nemental ? (Le Seuil), Grégory Salle dresse une synthèse de ce concept qui interroge les limites du droit. Mickaël Correia se concentre sur les Criminels climatiques (La Découverte). Pourquoi détruit-on la planète ?, s'interroge Thierry de Ripoli (Le Bord de l'eau). L'ancien député LR Bernard Accoyer lève le voile sur La grande supercherie des énergies vertes (Hugo Doc). Le Nucléaire, stop ou encore ?, se questionne Antoine de Ravignan (Les Petits Matins). L'ethnologue François Sarano parle Au nom des requins (Actes Sud). Gilbert Barnabé souligne le rôle déterminant des Océans (EDP Sciences).

Avec Écologie, l'ivresse de la table rase (L'Observatoire), Bérénice Levet analyse les dérives de l'écologie dans les partis politiques et les milieux associatifs et militants. Marc Lomazzi analyse l'émergence et le développement de groupes écologistes radicaux dans Ultra ecologicus (Flammarion).

Bernard Swynghedauw explore les conséquences du Dérèglement climatique sur la santé et la biodiversité (De Boeck Supérieur). Hervé Treut remet en cause nos modes de vie dans Climat, l'irréversible métamorphose (Erès). Sous la direction d'Yves Le Floch Soye, Clément Sanchez et Alain Berthoz, vingt auteurs de différentes disciplines s'interrogent sur l'avenir de l'Homo Sapiens dans Sapiens : métamorphose ou extinction ? (Humensciences). La maison publie aussi Cette planète n'est pas très sûre d'Alexis Jenni. Avec Faire revivre des espèces disparues (Favre), Lionel Cavin et Nadir Alvarez livrent une étude sur l'extinction des espèces et les manières pour les récréer génétiquement.

Démocratie contre écologie ?, se demande Salvador Juan au Bord de l'Eau, mettant en lumière la nécessité d'une réforme de la démocratie française alors que Joëlle Zask souligne qu'Écologie et démocratie ne sont pas contradictoires (Premier Parallèle). Jean-Hugues Barthélémy insiste sur Le grand décentrement (Actes Sud) et propose une réflexion sur l'écologie humaine pour redéfinir les modes d'organisation politique et économique. L'association The Shift Project suggère des leviers de transformations de l'économie pour parvenir à une société décarbonée dans Crise, climat, comment transformer l'économie française (Odile Jacob). Aux Petits Matins, Europe Écologie-Les Verts (EELV) publie Vivant : liberté, égalité, fraternité, biodiversité.v

Valérie Masson-Delmotte questionne la pertinence des actions à mener dans Climat : il n'est pas trop tard mais... (Odile Jacob). Le directeur de Greenpeace publie Climat, 5 ans pour sauver notre humanité : ce que la France doit faire (Tallandier). Carlos Taibo réfléchit à la possibilité d'enrayer le processus De l'effondrement (éditions Libertaires). Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?, se demande Emmanuel Pont (Payot).

Claude Aubert et François Veillerette proposent des solutions Pour en finir avec les pesticides (Terre Vivante). Excusez-moi de vous déranger : une autre écologie est possible, assure l'ancien ministre de l'Environnement Brice Lalonde (L'Aube). Clara et Philippe Simay s'intéressent à La ferme du rail : l'aventure de la première ferme urbaine à Paris (Actes Sud). Vincent Doumeizel imagine La révolution des algues (Les Équateurs). Deux ouvrages mettent en lumière celles et ceux qui tentent de réparer et sauver notre planète : Des poissons dans le désert d'Elizabeth Kolbert (Buchet Chastel) et La promesse des magiciens de Christophe Doré (Belin).

 

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Popularisé par Sandrine Rousseau, candidate à la primaire d'EELV, l'écoféminisme donne lieu à deux publications. Christine Castelain-Meunier et Francis Meunier proposent un manifeste pour Devenir écoféministe (De Boeck supérieur). Agnès El Kaïm traduit Staying alive : femmes, écologie et lutte pour la survie de Vandana Shiva (Rue de l'Échiquier).

Piétiner le patriarcat

Les programmes continuent d'alimenter les réflexions féministes. Chez Hors d'Atteinte, Magali Della Sudda s'intéresse aux Nouvelles femmes de droite et Elvire Duvelle-Charles retrace l'histoire d'amour et de haine entre Féminisme et réseaux sociaux. Dans l'essai afroféministe Et maintenant le pouvoir (Cambourakis), Fania Noël-Thomassaint livre des propositions radicales pour forger un monde nouveau. La présidente de l'association Osez le féminisme Céline Piques milite pour Déviriliser le monde (Rue de l'Échiquier). Sandrine Galand se concentre sur Le féminisme pop à travers des femmes puissantes et controversées comme Beyoncé et Lady Gaga.

Céline Labrosse s'engage Pour une langue sans sexisme (Fides). Fabienne Messica analyse les débats politiques auxquels le féminisme est confronté dans Ce que le féminisme n'est pas (Rue de Seine). Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc opèrent un tour du monde féministe pour présenter Le peuple des femmes (Flammarion). Dominique Labarrière souligne les Mythes et représentations des femmes (Pygmalion). Dans Rivalité, nom féminin, Racha Belmehdi tente de faire tomber le mythe de la rivalité féminine.

Les Éditions du Commun livrent Révolutionnaires, un recueil de témoignages qui met en lumière une approche féministe de l'engagement. Dans Présidentes (Plon), Marie-Virginie Klein retrace le chemin parcouru et celui qu'il reste à accomplir pour que les femmes puissent accéder à de hautes fonctions. Karen Messing se concentre sur le Deuxième corps : femmes au travail, de la honte à la solidarité (éditions Écosociété). Mariarosa Dalla Costa analyse le travail domestique effectué par les femmes et la contribution de ce travail à l'économie productive dans Les femmes et la subversion sociale (Entremonde). La journaliste et féministe engagée Johanna Luyssen raconte son désir d'enfant dans Si je veux : mère célibataire par choix (Grasset), quand Delphine Leclerc dénonce les violences obstétricales dans Comment est-ce qu'on va recoudre ça ? (Flammarion). Enfin, Douha Al-Maari raconte, avec Tristane Choiseul, son parcours de femme libre dans une Syrie qu'elle a été contrainte de quitter dans La rebelle d'Alep (Albin Michel), quand les éditions iXe reconstituent le Journal d'une assiégée, celui de Samira Al-Khalil, activiste et opposante au régime de Bachar el-Assad enlevée en décembre 2013.

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