Le communiqué est daté d’hier, mardi 20 juin, à New York. Plusieurs sociétés de soft ou hardware, parmi lesquelles Adobe, MobiPocket ou iRex technologies (une filiale de Philips Electronics) ont annoncé leur intention d’œuvrer ensemble pour l’élaboration d’un format unique de livres électroniques, sous la houlette de l’IDPF (International digital publishing forum = Forum international de l’édition électronique). Le but ? Remplacer les actuels (et multiples) formats propriétaires déjà existants, pour aboutir, en matière de circulation des textes dématérialisés, à l’équivalent d’un format tel que le MP3 qui s’est imposé dans la musique. Les conséquences prévisibles — si le projet aboutit ? Enormes. L’existence de ce format unique ouvrirait la voie au téléchargement universel, en tous points du globe et sur tous types de supports électroniques, de tout texte numérisé. Exactement, donc, comme pour la musique. L’annonce en laissera plus d’un sceptique, de même qu’elle en aura surpris plus d’un. On pouvait penser, en effet, que le marché du livre électronique n’était ni assez mature, ni assez organisé pour se départir de ces formats propriétaires, qui entravaient, en fonction des supports de lecture, des agrégateurs ou de tout autre intervenant de la chaîne, la circulation libre et complète des textes. Le communiqué de l’IDPF insiste, en tout cas, pour préciser qu’il ne s’agit pas d’un vœu pieux et que des premières propositions devraient déjà voir le jour « dans les mois qui viennent ». Cette annonce montre bien, en tout cas, que le marché du livre électronique, jusqu’ici confiné aux marges de l’édition et de la lecture, s’apprête, ne serait-ce que par la volonté des industriels, de plus en plus nombreux à s’engager dans l’aventure, à conquérir le grand public. En témoigne, également, l’organisation, le 11 juillet prochain à midi, d’une petite sauterie déjeunatoire dans l’enceinte du Parlement européen de Bruxelles. Au menu : petits-fours, boissons fraîches, et démonstrations d’encre et de papier électronique, en présence de la commissaire européenne pour l’information et les médias, Viviane Reding. Les organisateurs ? Entre autres, la FEP (Federation of european publishers) ; iRex Technologies, encore eux (la société a conçu à destination des hommes d’affaires un PDA sur papier électronique, le premier du genre, dont la commercialisation débutera durant l’été) et surtout… Bertelsmann, rien moins qu’eux, et qui ne sont pas là pour la figuration, puisque ce sont eux qui gèrent les invitations au cocktail. Bref, tout cela laisse un peu plus penser (voir mon premier billet) que 2007 sera bien l’année charnière pour le basculement des e-books dans le marché grand public. On peut s’en réjouir (c’est mon cas, on s’en serait douté), comme on peut aussi se réjouir des sommes records atteintes par la 4 ème vente du mythique libraire Pierre Berès, celle de son « cabinet de lecture », organisée hier à Drouot. La joie du maire de Grenoble d’avoir pu « rafler » à des acheteurs étrangers les Carnets de Stendhal pour les ramener dans sa ville faisait plaisir à voir. Et c’est bien ce qui est excitant dans la période que nous vivons : le livre s’apprête à vivre un chapitre inédit et fondamental de son histoire, mais le bon vieux papier ne perd rien de ses charmes, ni de sa valeur.