La Trêve des nouveautés, conduite par une vingtaine de librairies en France et en Belgique entre janvier et juin 2024, visait à créer une respiration face aux flux de nouveautés grâce à la mise à l'arrêt partielle ou totale des achats d'offices. « Nous avons insisté pour que cette trêve ne concerne pas les éditeurs qui sont déjà dans un souci d'une publication respectueuse et soutenable. Nous visons davantage les grands groupes et les grosses diffusions », soulignait Anaïs Massola, présidente de l'Association pour l'écologie du livre, lors de la présentation des résultats de cette recherche-action en décembre 2024.
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Preuve de la polarisation des camps, au cours de la trêve, « c'est plutôt du côté des grands groupes que l'incompréhension a été la plus forte », soulignait l'Association pour l'écologie du livre dans son rapport publié fin 2024. Au même moment, la campagne « Désarmer Bolloré », lancée en juillet dernier à l'appel de collectifs écologistes, féministes et antifascistes, battait son plein. Un an après le rachat de Hachette Livre par le groupe Vivendi de Vincent Bolloré, près de 100 librairies indépendantes appelaient en effet dans une tribune très offensive à ne pas laisser « Bolloré et ses idées prendre le pouvoir ».
Opération marque-pages
Un message repris par l'Opération marque-pages contre Bolloré. « Oh Bollo y'a pas moyen Bollo », scande ainsi l'un des modèles de cette première série. Glissés dans les ouvrages du groupe, par les libraires eux-mêmes ou des lecteurs et lectrices engagées, ces petits bouts de papier ont pour objectif de « visibiliser l'instrumentalisation de l'édition par Bolloré, invitant par ailleurs à soutenir et choisir les maisons d'édition indépendantes, plutôt que d'acheter des livres Hachette ».
Cette Opération marque-pages a vocation à se poursuivre, tandis que l'Association pour l'écologie du livre appelle déjà à une seconde Trêve des nouveautés en mars et avril 2025, espérant doubler le nombre de librairies participantes. Afin d'ouvrir la réflexion sur la dépendance du secteur aux nouveautés, l'association engage par ailleurs un travail collectif en vue d'établir un « contrat commun » qui pourrait lier les différents acteurs et actrices du monde du livre. Un échange qui doit d'abord rassembler librairies, maisons d'édition, auteurs et autrices, avant la présentation d'un « contrat » à la diffusion--distribution. Parmi les premiers participants figure notamment le Syndicat des éditeurs alternatifs.