avant-portrait

C’est en Allemagne, en 1994, que David Sanson a pris la tangente pour la première fois. Au sortir d’HEC, alors qu’il pensait préparer l’Ena et qu’il avait commencé à travailler dans l’édition scolaire, il effectue son service militaire en tant qu’attaché de presse au Consulat général de France, à Leipzig. Une métropole de l’ex-RDA, à 150 kilomètres de Berlin. "Cinq ans après la réunification, raconte-t-il, c’était passionnant." Alors qu’il n’était qu’un "simple germaniste", il éprouve pour l’Allemagne un véritable coup de foudre. Et part s’installer un temps à Berlin, séduit par cette ville à nulle autre pareille, "pauvre mais sexy", dixit son maire actuel, Klaus Wowereit, et comme en perpétuelle métamorphose : "Paris sera toujours Paris, Berlin ne sera jamais Berlin", résume Jack Lang.

Repartir ?

Ce tropisme berlinois ne le quittera pas. C’est donc tout naturellement que, après avoir collaboré à Tout Bach et Tout Mozart et au Dictionnaire du rock de Michka Assayas, dans la collection "Bouquins", David Sanson s’y est vu confier la direction d’un Berlin. Cinq ans de travail pour un monument de plus de 1 000 pages, qui se veut "pas universitaire", mais "transversal, contemporain, riche en informations et qui fasse réfléchir".

Structuré en quatre grandes sections, selon le cahier des charges standard - histoire, promenades, anthologie et dictionnaire -, l’ouvrage compte parmi ses collaborateurs les meilleurs spécialistes de la ville, comme Lionel Richard, Cyril Buffet ou Boris Grésillon, et fait aussi la part belle, dans son choix de textes, aux écrivains, de Voltaire à Marie NDiaye, laquelle vit à Berlin depuis 2007 et a célébré sa terre d’adoption dans le poème Y penser sans cesse, paru à L’Arbre vengeur en 2011.

Monsieur le directeur, ancien journaliste à Classica, puis à Mouvement, boss du groupe de rock indé That Summer avec qui il a déjà enregistré deux albums (en anglais), conseiller artistique pour le théâtre, pour des concerts ou des festivals, n’est pas peu fier de son "monstre", achevé à Rome, lorsqu’il était en résidence à la villa Médicis. Là aussi, il a été heureux - et il a même ébauché "un projet de fiction", actuellement "en chantier". Heureux aussi à Montréal, il y a quelques années, même par moins 45° ! "Je possède une bonne faculté d’adaptation", conclut-il. Et puis la France d’aujourd’hui lui tape sérieusement sur le système. "Avec ma femme, nous aimerions bien repartir, dit-il. Dans des villes où il se passe des choses, New York ou Bangkok." A moins que, pour assurer la matérielle et revenir à ses premières amours germaniques, il ne passe le Capes pour devenir prof d’allemand, avant d’être atteint par la limite d’âge. Décidément, ce garçon ne fait rien comme tout le monde.

Jean-Claude Perrier

David Sanson (dir.), Berlin, Laffont, "Bouquins". Prix : 32 euros, 1 216 p. ISBN : 978-2-221-12570-0. Sortie le 20 octobre.

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