Sans être aisée, la vie du petit Ciprian est plutôt heureuse tant qu’elle se passe en Roumanie. Pas d’école, pas d’argent, mais de la chaleur humaine dans cette famille rom menée par Daddu, montreur d’ours de père en fils. Jusqu’au jour où une horde d’autochtones nationalistes, charcutier en tête, les somment de dégager le plancher sous peine de représailles sanglantes.
Pour les tirer du pétrin, un individu baisse les vitres fumées de sa BMW et leur fait une proposition prétendument honnête. Il suffit de signer au bas d’un formulaire et toute la famille ira à Paris. Mais le travail ? l’argent ? les papiers ? s’inquiète Daddu. Aucun problème, répond l’homme. Le Paris promis est un bidonville, voire un bourbier. Là encore, un certain Karoly propose à Daddu de menus arrangements, en échange de quoi il sort lui aussi un petit carnet bleu. Afin de rapporter des "zorros" à Karoly, le père devient "ferrailleur de nuit" et la sœur emprunte un bébé pour faire la manche. Quant à Ciprian, il préfère mater derrière une palissade les parties d’échecs au jardin du Luxembourg. Le jeu fascine le petit qui en visualise et en mémorise chaque étape jusqu’au fameux mot de fin "Tchèquématte". Le surdoué ne jouera pas seulement aux échecs, mais aussi contre la montre car Karoly lui fera un odieux chantage.
Inspiré d’une histoire vraie, ce roman nous fait entrer dans l’envers du décor du marché de la mendicité, la même qui fait détourner notre regard de passant. Fabienne Jacob