L’an 2050. Paris aurait le même climat que Canberra. Grâce à l’IA, les études de médecine seraient raccourcies à 6 ans. Les maladies mentales et psychosociales seraient les premières causes de mortalité. La méditation de pleine conscience serait enseignée à l’école, comme la permaculture. Peu de chômage, mais des emplois précaires. Plus d’une entreprise sur dix fonctionnerait uniquement en télétravail. 30% des Français sont grands-parents. Et, dans tout ça, à quoi ressembleraient les bibliothèques ?
Dresseurs d’IA
Les bibliothèques accueillent des télétravailleurs et des formations en continu. En fait, elles sont financées par des entreprises privées, pour qui ces équipements sont des lieux cosy de soutien au travail. Les bibliothécaires aident à trouver l’information la plus fiable, dans un environnement studieux. Et ils supervisent, en chaussant leurs lunettes de déontologues, les réponses que donnent les agents conversationnels qui ramassent ce qui se dit sur internet.
Thérapeute et animateur de communauté
Pour aider les “usagers” (appelés “employeurs”, car ils emploient les lieux) sous pression ou en quête de sens, le "bibliothé-care" se montre disponible pour un soutien psychologique – il a d’ailleurs validé ses compétences ici, grâce à un professeur en résidence pendant un an. Le bibliothérapeute prescrit des romans ou de la poésie qui répondent à des problématiques précises ou permettent de s’évader. Certains ebooks adaptent leurs mots selon leur lecteur, tout en racontant la même histoire.
Dans le même sens, il organise des sessions de rencontres entre employeurs, artistes, mentors, étudiants, écoliers, et toute personne intéressée par un sujet. Restant toujours à l'affût de partenaires potentiels pour rapprocher différentes communautés, confronter leurs idées, enrichir le débat et faire fructifier l’intelligence humaine. Et de potentiels mécènes, car l’écothécaire doit dénicher des fonds pour faire fonctionner les lieux accessibles gratuitement.
Pollinisateur de savoirs
Écothécaire, écolothécaire. Pour prendre soin de ses employeurs, il prend soin des plantes du jardin central, qui assure la ventilation de l’ensemble du bâtiment. Y est installée une bulle qui brouille les ondes, pour les électrosensibles, bien plus nombreux que quinze ans plus tôt. Ces inadaptés doivent sinon se rendre dans les villes qui refusent internet et la reconnaissance faciale, et donnent des amendes aux parents dont les enfants regardent trop les écrans.
Les bibliothèques-cafés y sont associatives, animées par des bénévoles. Ils ont le plus souvent plus de 70 ans, et sont des livres en soi, des aèdes aux récits ahurissants sur la vie d'antan. Quand il n’y avait que 16 000 bibliothèques en France !