Cinéma

Doubles vies et vies réelles dans les salles

Vincent Macaigne dans "Doubles vies" d'Olivier Assayas

Doubles vies et vies réelles dans les salles

Doubles vies, film sur le secteur de l'édition, fait face à plusieurs films biographiques et adaptations: Colette, The Front runner, Holy Lands, L'incroyable histoire du facteur Cheval et Une jeunesse dorée.

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Par Vincy Thomas,
Créé le 15.01.2019 à 18h00

Le nouveau film d’Olivier Assayas, Doubles vies, est une photographie du marché du livre à une période charnière de son histoire. Le film, en salles le 16 janvier, était en compétition au dernier festival de Venise.
 
L’histoire est celle d’un écrivain, auteur très précaire et mal considéré vivant au crochet d’une assistante parlementaire, qui pioche les sujets de ses romans dans sa vie personnelle et son entourage. Il entretient une liaison avec une star de série populaire, par ailleurs épouse de son éditeur. Les rôles sont tenus respectivement par Vincent Macaigne, Nora Hamzawi, Juliette Binoche et Guillaume Canet.
 
Doubles vies pourrait être l’adaptation des grandes thématiques de Livres Hebdo : tous les secteurs de la profession y passe. Le cinéma tend un miroir à l'édition et décrit un marché tendu en pleine mutation. Livre audio, livre numérique, autofiction, sensitive readers, prix du livre, bibliothèque, et même grainothèque, ou encore synergie avec des groupes cherchant à allier diffusion et contenus. C’est un peu l’édition pour les Nuls.
 
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Ce marivaudage théâtral n’est en effet, que le prétexte à montrer comment l’ancien monde et le nouveau se flairent et se combattent, ou s’apprivoisent. Il démontre une insécurité totale d’une génération encore attachée à un système qui fait ses preuves et de nouveaux modes de consommation et de communication (réseaux sociaux et blogs dominant les critiques littéraires et la littérature).
 
Si le scénario est assez didactique, il a le mérite de mettre en lumière les débats, parfois simplifiés, qui traversent ce secteur culturel. Ce n’est d’ailleurs pas tant la fin d’un monde, à la manière du Guépard, qui est filmé, que la vitalité du livre, que l’on retient.
 
Car si « l’époque est narcissique », et les personnages relativement cyniques, le cinéaste partage aussi son optimisme quant au pouvoir de la littérature. Pour lui, peu importe le support, nous sommes dans une civilisation de l’écrit, avec de plus en plus de gens qui écrivent et qui écrivent mieux, faisant même dire à l’éditeur, qui se désole des excellentes ventes d’un livre compilant des tweets et, en même temps, qui se console de voir le livre toujours au centre de la société  : « J’ai l’impression que l’écrit rend les gens hystériques. »
 

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