Un an après la disparition de sa mère, partie trop tôt à 59 ans, Lara Moorhouse réalise enfin qu’elle est désormais orpheline. Elle avait perdu son père bien avant. En avril 1985, alors qu’elle avait 12 ans et son frère, Alfie, 8, il a trouvé la mort dans un accident d’hélicoptère.
L’héroïne de Lucy Caldwell se sent arrivée à un carrefour de son existence. Elle a 39 ans, est séparée d’un professeur de géographie avec qui elle n’a pas eu d’enfants, voit toujours Alfie, désormais agent immobilier, marié et père de jumelles. Lara, elle, est auxiliaire de vie, employée pour une agence d’aide à la personne. Parallèlement, un peu comme une planche de salut, elle suit les ateliers d’écriture d’une professeure qui lui explique que le travail de la fiction, "c’est de tisser un filet ".
Les souvenirs rejaillissent, s’entassent et se bousculent dans sa tête. L’heure est enfin venue de raconter son histoire, de "faire justice au passé, faire la paix avec lui, comprendre". En étant le plus possible fidèle à la vérité, en comprenant enfin le destin de ses parents. Comment sa mère a rencontré son père, qu’elle allait aimer follement et avec qui elle allait avoir deux enfants. Comment elle s’est éprise d’un chirurgien grand et costaud, supporter de Manchester United, qui avait déjà une autre famille, une autre femme, deux autres enfants.
Lucy Caldwell s’empare d’un sujet rebattu en évitant tous les pièges. L’auteure du Point de rencontre (Plon, 2014, repris chez Pocket) tient la note d’un bout à l’autre et épate par sa capacité à faire évoluer des personnages formidablement incarnés, complexes et touchants. Sans pathos, avec une émotion vibrante qui va droit au cœur. Al. F.