10 octobre > nouvelles Etats-Unis

Richard Bausch a prouvé qu’il était aussi doué pour le roman que pour la nouvelle. Après Espèces menacées (2003) et L’homme qui a connu Belle Starr (2009), la collection « Du monde entier » de Gallimard propose un troisième recueil de ses histoires, Quelque chose est là-dehors.

Voici d’abord une femme qui pleure en rangeant les vêtements d’hiver dans un grand carton destiné au grenier. Josephine Stanislowski n’arrive pas à se remettre du départ de son mari, John, parti s’installer dans son petit studio en ville. Elle a été son étudiante avant de devenir son épouse. Il a trente ans de plus qu’elle, a toujours eu du mal à accepter ses sentiments…

Georgia Susan Michael Townsend Mailly, elle, a 89 ans. Georgia a mené une vie « longue et riche » et explique à son fils Byron qu’elle se sent prête à s’en aller. Photographe de presse, ce dernier a été un petit garçon qui avait des terreurs nocturnes, des crises de panique. Il se souvient d’un voyage à Rome avec sa mère et des amis, des Campari à l’eau gazeuse. D’une Georgia qui lui avait raconté avoir croisé Hitler en personne en 1934, alors qu’elle travaillait comme secrétaire pour un service de presse étranger…

Ne pas rater non plus Diane. La femme d’un pasteur pudibond. Grâce à Internet, elle a fait la connaissance de Nathan. Un homme marié à une dame de dix ans son aînée qui, comme Diane, a envie de ressentir à nouveau la passion. Le jour de leur première rencontre, Nathan lui confie qu’il a conduit comme un cinglé pour venir jusqu’à elle…

Les formidables nouvelles de l’auteur de Salut à l’Amérique, dans ses foyers et sur les mers (Gallimard, 1999) sont immanquablement troublantes et mélancoliques. L’Américain varie subtilement les registres, les effets. Au sommet de sa forme, Bausch déploie un art bien à lui pour faire exister des personnages un peu perdus. Pour jouer sur les flottements, les trahisons et les rêves. Al. F.

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