Shintaro Ishihara, romancier japonais et francophile, devenu homme politique ultranationaliste et qui a gouverné la métropole de Tokyo pendant 13 ans, est décédé mardi à l'âge de 89 ans, a annoncé sa famille.
Ce diplômé de français, ami de l'écrivain André Malraux, du philosophe Raymond Aron et du réalisateur François Truffaut, avait reçu à l'âge de 23 ans le prix Akutagawa, le prix littéraire le plus prestigieux du Japon, pour son roman La Saison du soleil, mettant en scène le désoeuvrement et la rébellion de jeunes Japonais issus de la classe aisée dans l'après-guerre. Ce livre a été adapté au cinéma en 1956 et a lancé la carrière d'acteur de son frère cadet Yujiro Ishihara (1934-1987) qui fut une vedette au Japon dans les années 1950-60. Belfond vient de le publier fin janvier, traduit du japonais par Kuni Matsuo avec la collaboration de Marcel Giuglaris.
Ce populiste connu pour son franc-parler et classé très à droite a régné sur la capitale japonaise de 1999 à 2012, grâce à une solide cote d'amour auprès des Tokyoïtes, qui l'avaient élu quatre fois à ce poste.
Révisonniste et souverainiste
Né le 30 septembre 1932 à Kobe (Ouest du Japon), cet ancien romancier à succès avait bâti sa popularité en politique sur le créneau du nationalisme, avec deux cibles de prédilection: la Chine et les Etats-Unis. En 1990, il avait notamment nié le massacre de Nankin par les troupes japonaises en 1937 (300 000 morts selon Pékin), une "pure invention" de la Chine selon lui.
Un an aupravant, il avait écrit un ouvrage très anti-américain au titre évocateur: "Le Japon qui peut dire non". Il avait aussi dénoncé la Constitution japonaise de 1947, imposée par le général américain McArthur après la Seconde Guerre mondiale, et dont l'article 9 fait renoncer "à jamais" le Japon à la guerre. "Le Japon est de plus en plus colonisé par les Etats-Unis, et les Japonais sont en train de perdre leur identité nationale", avait-il également affirmé.
Peu après la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, il avait été jusqu'à qualifier le tsunami qui avait ravagé le Nord-Est du Japon de "châtiment divin" envoyé pour punir les Japonais de leur "mentalité cupide".
Après sa démission du poste de gouverneur de Tokyo en 2012, et un échec cuisant aux élections législatives de 2014, Shintaro Ishihara s'était alors retiré de la vie politique.