16 mai > roman Etats-Unis > Brian De Palma et Susan Lehman

Carrie, Blow out, Scarface, Les incorruptibles, des films légendaires qui, signés de Brian De Palma, ont marqué à jamais le cinéma. On en a encore des frissons. La noirceur est au cœur de son travail, qu’elle se situe dans la société ou dans la pourriture des âmes. Cette fois, il troque sa caméra contre la plume, histoire de révéler les coulisses d’un microcosme, où les coups bas sont légion. "La politique est un sale milieu. C’est la guerre. La politique et la jungle. Une seule grande et sale guerre. Et à la guerre, qu’importe le bien ou le mal, il faut survivre", affirme l’un de ses impitoyables personnages.

Cette philosophie, Susan Lehman, qui cosigne ce roman, la connaît bien. Epouse de Brian De Palma à la ville, cette ancienne éditrice apporte sa touche de journaliste au New York Times, spécialiste des stratégies médiatiques et judiciaires. Ils mettent tous deux en lumière la campagne électorale et le règne du sénateur américain, Lee Rogers. Son acolyte? Le redoutable roi de la manipulation, Brock. Au départ, il privilégie le camp de son adversaire. Quitte à dénicher la Sharon Stone du McDo, Elizabeth. Mais le voilà désormais chargé de préserver la victoire du politicien, Rogers.

"Salopard, vous croyez que vous pouvez détruire la vie des gens et vous en tirer comme ça ? Tout est une question d’apparence", de communication et de maîtrise absolue des sentiments parmi les requins. Et c’est là que le bât blesse. L’être humain étant imprévisible, tout est possible dans ce livre aux mille rebondissements. Il joue à fond sur la dichotomie entre les bons et les méchants, l’amour et la haine. Comment croire à la vérité dans un univers aussi mensonger? Seule la jeune Fanny ou l’épouse trompée, Connie, s’y évertuent.

Dans ce monde d’hommes, Brian De Palma et Susan Lehman composent des figures féminines puissantes, qui vont jusqu’au bout de leurs émotions, même les plus extrêmes. Comme si elles étaient davantage honnêtes envers elles-mêmes. On se doute que les instances gouvernementales n’ont rien de l’univers de Walt Disney. Il n’empêche qu’à l’ère Trump ce roman divertissant donne froid dans le dos.

K. E.

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