Blake et Mortimer

Daniel Maghen nie avoir acquis illégalement les planches de Jacobs

Ferran Cornellà - Licence CC BY-SA 3.0

Daniel Maghen nie avoir acquis illégalement les planches de Jacobs

Des perquisitions menées chez le galeriste Daniel Maghen avaient permis de saisir plusieurs planches originales de Blake et Mortimer. Il est soupçonné de les avoir été vendues illégalement.

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Par Nicolas Turcev,
Créé le 26.11.2018 à 10h21

Le galeriste parisien Daniel Maghen contre-attaque suite aux récents développements dans l’affaire des planches volées de Blake et Mortimer, la célèbre série de bande dessinée imaginée par Edgar P. Jacobs. Dans un communiqué publié jeudi 22 novembre, quelques semaines après que des policiers ont retrouvé une vingtaine d’originaux dans son établissement et celui d’Eric Leroy, le marchand d’œuvre se dit "victime d’un conflit entre éditeurs et ayants-droit qui ne [le] concerne en rien".
 
"Il est allégué que j’aurais illégalement acquis, et revendu, des œuvres originales d’Edgar P. Jacobs. A cet égard, j’ai acquis en 2015 un certain nombre de planches d’Edgar P. Jacobs, de manière officielle et légale. À cette époque, aucun acteur du monde de la bande dessinée n’évoquait un quelconque problème relatif à l’achat et à la revente de ces œuvres. Les planches que j’ai achetées ont également été vendues de manière transparente, officielle et légale, à différents collectionneurs dont je déplore que la probité soit mise en doute", indique le document. L’éditeur rajoute qu’il n’a pas été "entendu ni même convoqué par un juge. Je n’ai commis aucun acte illicite".

Instruction en Belgique
 
Depuis plusieurs années, la provenance d’un certain nombre d’originaux d’Edgar P. Jacobs mis sur le marché a été mise en doute par les observateurs du secteur de la bande dessinée, et surtout par les policiers belges. Une instruction ouverte il y a plus d’un an dans le plat pays, en collaboration avec des magistrats français, a abouti à la mise en examen de Philippe Biermé, ancien président et liquidateur de la Fondation Jacobs, pour abus de confiance et blanchiment.
 
Il est soupçonné d’être responsable de la disparition de deux cents originaux sur les sept cent qu’Egdar P. Jacobs a stockés dans les coffres de la Fondation, d’utilité publique, dont l’objectif était de les conserver. Avant sa mort, l'illustrateur a désigné Philippe Biermé pour lui succéder à la tête de l’organisme, et pour prendre soin de son héritage. Il en a finalement été le liquidateur en 2015, lorsqu’il a remis les planches à la Fondation nationale belge du roi Baudouin, date à laquelle a été remarquée l’absence des deux cents planches.

Entre 35000 et 170000 euros
 
Selon Le Soir, ces dessins auraient été vendus sous le manteau à des collectionneurs à des prix situés entre 35000 et 170000 euros "et pas toujours accompagnés de factures". Par conséquent, certains collectionneurs comme Daniel Maghen craignent qu’ils ne fassent l’objet de procédures de restitution. D’après les sources du quotidien belge, personne ne pouvait ignorer que ces planches faisaient partie du magot de la Fondation Jacobs.
 
Au Parisien, Philippe Biermé a assuré qu’il n’était pas mis en examen, que "rien ne lui a été reproché" et a ajouté qu’il se "retire du monde de Jacobs et de la BD". Mais une procédure de tierce-opposition vise toujours l’homme de 73 ans dans l’affaire de la liquidation de la Fondation, indique Le Soir. Pierre Lebedel et Charles Dierick, deux anciens administrateurs de la structure, ainsi que le Studio Jacobs, contestent la légalité du procès-verbal de l’assemblée générale qui actait la dissolution de la Fondation. Le document n’a été signé que par son président et son secrétaire, sans qu’aucun autre administrateur n’appose son sceau.
 
"S’il voyait ça, je crois que mon grand-père se retournerait dans sa tombe", a déclaré Viviane Quittelier, la petite-fille "par alliance" d’Edgar P. Jacobs, à l’hebdomadaire suisse L’Illustré, qui rappelle que deux mois avant sa mort, Jacobs avait rédigé un étrange testament qui déshéritait sa descendante au profit de… Philippe Biermé, désigné comme l’ayant droit de son œuvre. La dissolution de la Fondation en 2015 était néanmoins contraire aux vœux du dessinateur.

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