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Congrès de l’ADBU 2024 : les bibliothécaires universitaires préparent un avenir écologique et social

Palais des congrès de Dijon, pendant le 53e congrès de l'ADBU - Photo Fanny Guyomard

Congrès de l’ADBU 2024 : les bibliothécaires universitaires préparent un avenir écologique et social

Les directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires se sont retrouvés du 9 au 11 octobre à Dijon pour leur congrès annuel, portant pour cette 53e édition sur la « transition », thème renvoyant à la transition environnementale, comme au renouvellement du conseil d’administration de l’association, qui a élu son bureau 2025-2027 avec une nouvelle présidence. Compte-rendu.

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Par Fanny Guyomard Dijon,
Créé le 11.10.2024 à 11h53

Les projections environnementales ne sont pas bonnes : les vagues de chaleur à venir seront plus chaudes et plus longues. « On ne parle plus de lutte contre le réchauffement climatique, mais d’adaptation », remarque Jean-Yves Richard, de l’Ademe Bourgogne. Dans ces conditions, comment un lieu de vie comme une bibliothèque peut-il accueillir des personnes de manière acceptable ?

Voilà la question qui a accaparé les 335 participants de 53e Congrès de l’ADBU (Association des directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires), du 9 au 11 octobre 2024 au Palais des Congrès de Dijon. En la matière, le principal levier, retient-on, est l’immobilier – deuxième poste de dépenses des bibliothèques universitaires, après la masse salariale.

C’est en intégrant systématiquement des normes environnementales dans la gestion, la rénovation et la construction des bâtiments que la bibliothèque garantira les conforts et ambiances de travail attendus. En assumant sa responsabilité environnementale, la bibliothèque remplira du même coup son rôle social.

Casse-têtes et obstacles stimulants

Mais pas facile d’améliorer l’isolation thermique d’une bibliothèque comme celle des Mines (Paris VIe), bâtiment historique qui ne peut être isolé de l’extérieur : dans l’idéal, a osé l'ingénieur Bruno Peuportier, il faudrait remplacer les livres sur les murs par du polystyrène imitant des livres !

Autre difficulté : y voir clair dans les nombreux référentiels. Il a donc été présenté le référentiel des référentiels, le Label Développement Durable et Responsabilité Sociétale de l’enseignement supérieur (dd&rs). L’idéal, incite Reine Bürki, référente dd&rs à l’Enssib, serait alors de créer des postes de référents dd&rs dans chaque université.

Défis budgétaires

Et faire partie du réseau Cirses (Collectif pour l’Intégration de la Responsabilité Sociétale et du développement durable dans l’Enseignement Supérieur), venu présenter son association. « Mais l’adhésion est trop chère ! », pointe une bibliothécaire de petite structure.

Table ronde au Palais des congrès de Dijon, pendant le 53e congrès de l'ADBU
Table ronde au Palais des congrès de Dijon, pendant le 53e congrès de l'ADBU- Photo FANNY GUYOMARD

Pour trouver des financements – en mauvais état – , chacun y est allé de son conseil. Plusieurs intervenants ont rappelé l’importance de mesurer les économies énergétiques (donc économiques) qu’offrirait une rénovation du bâtiment sur le long terme, afin de séduire le financeur. Les bibliothèques peuvent se rapprocher de l’Ademe, qui finance des bâtiments économes en énergie ou des formations.

Et s’inscrire dans le schéma pluriannuel de stratégie immobilière (SPCI) de l’Université. « Sinon, vous ne pouvez prétendre à des subventions de Bercy, interpelle Véronique Lestang-Préchac, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il faut “désiloter” vos actions avec celles des autres services de vos établissements, et s’associer notamment aux chercheurs. »

Intelligence collective

Des chercheurs qui peuvent être des pontes en écologie, rebondit Geoffroy Belhenniche, l’un des élaborateurs du dd&rs. « Il faut les intégrer dans la réflexion stratégique, comme les étudiants. On accepte davantage le changement quand on est impliqué dans les décisions. » Problème avec l’immobilier : difficile de maintenir la motivation des étudiants sur sept, voire dix ans. Or, « on peut faire beaucoup de choses sans argent, mais pas sans humain », devise Jean-Yves Richard.

Des professionnels parfois démunis, soulève Marie Guillaume, présidente de l’Artiès (Association des Responsables Techniques Immobilières de l'Enseignement supérieur) : « On manque parfois de compétences juridiques et financières ». D’où la nécessité de se rapprocher des nombreuses associations citées, et de professionnels spécialisés, comme les économes de flux, qui identifient les économies d’énergie possibles. Pour optimiser la facture, les bibliothèques sont aussi invitées à mutualiser les espaces. Celle du campus d’Angers songe notamment à intégrer un musée dans ses locaux, pour maximiser son occupation.


In fine, le Congrès a fourni une mine d’informations et d’outils. « Les compétences informationnelles, c’est notre métier ! », sourit Sandrine Gropp, élue prochaine présidente de l’Association (voir l’encadré ci-dessous) durant l'événement, dont les captations vidéo seront prochainement disponibles sur le site de l’ADBU.

Sandrine Gropp a été élue présidente de l'ADBU 2025-2027
Sandrine Gropp a été élue présidente de l'ADBU 2025-2027- Photo FANNY GUYOMARD

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