Devant soixante-dix participants, les intervenants se sont entendus sur le caractère grand public de littératures de genres de qualité qui pourraient porter assistance à un marché de l'édition morose, mais ils ont regretté le peu d'attention leur est porté dans les médias et le monde du livre, à commencer par les libraires.
Le genre "reste de la littérature"
Manuel Tricoteaux a rappelé qu'il n'était pas "spécialiste" des romans policier lorsqu'Actes Sud lui a proposé de reprendre la collection "Actes Noirs". Dès lors, il y a publié des textes étrangers qui, dans leur pays d’origine, "étaient publiés en littérature générale" mais qu’il ressentait comme étant "des romans noirs". Il estime qu'"il est important de défendre le fait que la littérature noire reste de la littérature, au même titre que la littérature blanche". Il assure porter davantage d'attention aux auteurs et à leurs récits qu'aux étiquettes de genre.
Après sept ans passés chez Pocket Jeunesse, Glenn Tavennec a souhaité "changer d’univers" et a proposé une collection jeune adulte "sans ligne éditoriale" qui a rencontré un succès certain. Il observe une littérature de genre plus "commerciale et populaire" que la littérature générale et se donne pour objectif, à terme, de dé-catégoriser sa collection pour en faire une "collection crossover".
A son arrivée à L’Iconoclaste il y a trois ans, Julia Pavlowitch a d'abord souhaité développer la littérature grand public mais a rapidement constaté et déploré le "climat désespéré" du marché littéraire. Elle a donc décidé d'agir avec "passion et conviction" en travaillant "autre chose que la littérature blanche", avec des auteurs pour la jeunesse comme Timothée de Fombelle (Tobie Lolness) et Marie-Aude Murail, qui a notamment écrit En nous beaucoup d'hommes respirent.
"Silence médiatique assourdissant"
Réputée pour imposer des codes, les littératures de genre "créent un périmètre pour mieux les faire bouger", assure Sabrina Arab. La directrice éditoriale de HarperCollins France considère que le "décloisonnement des genres ne fonctionne pas si on n'est pas curieux" et veut proposer une "diversité nécessaire" de livres.
De son côté, Stéphane Marsan, après avoir rappelé l'importance d'agir "par passion", a regretté le peu d'attention accordé aux genres. "On représente 7% du marché du livre mais nous recevons un silence médiatique assourdissant. Et peu d'aides à la traduction sont dédiées à des romans de genre", affirme-t-il, regrettant les "réticences" françaises vis-à-vis des littératures de genre.