La campagne de financement participatif de Carole Ohana fait partie des 2154 projets lancés pour le livre sur la plateforme Ulule, et recensés par Laura de Heredia, chargée de mission au sein du Syndicat de la librairie française (SLF) et animatrice de l’atelier.
"La librairie allait fêter ses 10 ans. Son chiffre d’affaires était croissant mais nous avions des problèmes de trésorerie depuis le départ", se souvient Carole Ohana.
Rotation des stocks
Fin 2015, sa banque supprime l’autorisation de découvert. A titre d’aile n’a plus les moyens de réapprovisionner ses rayons. "Des libraires alentours ont été solidaires et ont passé des commandes clients pour nous", raconte-t-elle. Mais surtout, des clients, au courant de la situation, décident d’acheter de plus en plus d’ouvrages pour apporter leur aide à la librairie. Si bien que les rayons se vident. "Nous avions moins d’ouvrages qu’au lancement, dix ans plus tôt. Mais au moins, ça a permis une certaine rotation des stocks", plaisante Carole Ohana, devant la trentaine de libraires présents à l'atelier.
La situation ne pouvant plus durer, elle prend la décision, avec Cédric Chaffard, co-fondateur de la structure, de fermer boutique "en gardant cette décision secrète". Ils prévoient de laisser un mot sur la porte, un vendredi soir, et de ne plus jamais revenir.
63300 euros récoltés
Mais c’est sans compter sur un groupe de clients fidèles qui soumettent l’idée d’ouvrir une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule. "Au début, nous étions contre cette idée car nous pensions que notre situation était due à un problème structurel", lâche la libraire. La région Rhône-Alpes propose son expertise. La librairie est viable. Il lui manque juste 70000 euros. Sur la plateforme, la libraire lance un appel à 50000 euros, fin octobre 2015. Le Centre national du livre lui promet une aide supplémentaire de 10000 euros si la campagne marche.
Le 4 décembre 2015, le pari est gagné. 63600 euros sont levés grâce à 1803 contributeurs virtuels. Sans compter ceux qui ont passé le pas de la porte pour déposer de l’argent en mains propres à la libraire. "Au total, nous avons eu 2200 contributeurs", estime Carole Ohana.
Fiscalité et compatibilité
Sur l’argent ainsi récolté, il a ensuite fallu payer des taxes: TVA et impôt sur les sociétés. En effet, comme le rappelle Laura de Heredia, les fonds issus d’un financement participatif pour une société a un traitement comptable et fiscal particulier: ils doivent être enregistrés comme un "produit exceptionnel" et sont donc applicables à la TVA et à l’impôt.
Deux ans après cette expérience, A titre d’aile est tirée d’affaire. Le groupe de clients à l’origine de la campagne est resté aux côtés de Carole Ohana, sous la forme d’une association "L’atelier d’A titre d’aile", principalement chargée de "soutenir moralement" la libraire.