"Nous sommes dans l'incertitude quant à nos capacités à maintenir ouverte la librairie en l'absence d'un repreneur", indique Sidonie Mézaize-Milon, qui voit partir l’actuel directeur de Kyralina Virgile Prod’homme, arrivé l’an dernier. Enseignant de formation, il souhaite se consacrer à d'autres projets. "Je salue son travail remarquable ainsi que celui de sa prédécesseuse Valentine Gigaudaut qui ont porté le projet avec une grande générosité et un enthousiasme indéfectible," indique la propriétaire de Kyralina, qui souligne la bonne santé de la librairie.
Pour elle, "le problème ne réside pas dans la viabilité du projet: la situation financière de la librairie est saine, nous n’avons ni dette ni emprunts bancaires, le chiffre d’affaires est en croissance constante et nous sommes soutenus par nos partenaires comme le CNL et le BIEF. Plutôt, nous avons beaucoup de difficultés à recruter à chaque nouveau départ."
"Un bel outil de développement culturel"
La propriétaire a dû faire face à un turn-over chez les libraires, et à un changement de clientèle dû depuis quelques années à l’exode des Roumains vers d’autres pays de l’Union Européenne. Entre 2007 et 2017, le pays a perdu 3,4 millions de ses habitants, soit 15% de sa population. "A ce contexte peu favorable, il faut ajouter le fait qu’il n’existe pas de formation de libraire en Roumanie, il est donc difficile de susciter des vocations et de recevoir des CV issus de cette filière, rajoute Sidonie Mézaize-Milon. Même si jusqu'à présent nous avons réussi à rebondir et trouvé des personnes compétentes et de confiance pour gérer la librairie en notre absence."
La libraire reste persuadée de l’importance de Kyralina et souhaite voir son fonctionnement se pérenniser. "C’est un bel outil de développement culturel et un lieu de rencontre important pour la diaspora française, qui sera toujours présente en Roumanie, fait valoir la propriétaire. Je souhaite vendre mes parts pour que le repreneur puisse s’approprier le projet sur place et le faire vivre sur le long terme, d’où ma préférence pour un acquéreur qui serait aussi gérant."
Afin d’inciter les éventuels curieux à tenter l’aventure, Sidonie Mézaize-Milon insiste sur la prise de risque minimale que représenterait un rachat, étant donné la bonne santé de l’entreprise. Le repreneur potentiel pourrait en outre bénéficier de l’aide du CNL à la reprise des librairies francophones, qui offre un prêt à taux zéro à hauteur de 30% du montant de la vente.
"Tous les schémas sont envisageables, indique la propriétaire. Que ce soit un libraire français tenté par l’entrepreneuriat ou un francophone sur place qui comprend le fonctionnement d’une librairie et se montre motivé pour apprendre ce travail, comme ce fut le cas pour le directeur actuel, nous sommes à leur écoute pour réfléchir aux contours du projet et aux conditions de la reprise."