Lorsque nous arrivons dans la boutique du 23 rue de Bourgogne, où rien n’a changé depuis des lustres (Bourgogne Reliure, créée en 1885, est installée à cette adresse depuis 1889), Stéphanie et Thierry, avec toute la rigueur des artisans de haut vol, sont en train d’achever la restauration d’un grand livre de comptes de la Générale des Eaux, l’ancêtre de Veolia, un registre entièrement calligraphié à la main, datant des années 1850 et pesant quelque 25 kilos.
La reliure, la restauration des livres, la dorure sont les métiers pratiqués ici, dans cette entreprise demeurée artisanale, familiale, avec ses machines d’époque au sous-sol (massicot, cisaille, presse…) toutes en ordre de marche. Ici, point de cette mécanisation, qui s’est installée un peu partout dans le monde, dans les années 1950, sous l’impulsion des Américains.
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Bourgogne Reliure est en fait la partie émergée du groupe Partenaires-Livres, Compagnie internationale technique et financière pour l’édition, que dirige Pascal Pluchard, lequel se présente plaisamment comme « un mécène ». « Relieur depuis 1986 », il explique que son groupe opère à trois niveaux : le mass-market, relieur industriel, avec une usine en Chine, un siège à Hong Kong, et des affaires dans toute l’Asie, ainsi qu’aux États-Unis ; le semi-industriel, avec la célèbre usine Babouot, à Lagny, où la mécanisation se joint à l’artisanat, laquelle fonctionne à 80 % au service de « La Bibliothèque de la Pléiade », fleuron de la maison Gallimard : 300 000 volumes par an reliés en peau de mouton de Nouvelle-Zélande, dos doré à l’or fin 22 carats ; et l’artisanat d’art, avec Bourgogne Reliure et sa clientèle d’amateurs, mais aussi quelques institutions, comme la BnF.
Bourgogne Reliure s’apprête à traverser la rue de Bourgogne, pour s’installer au 24, dans une ancienne ébénisterie d’art familiale remontant à 1890. La boutique est bien plus vaste. Aussi Pascal Pluchard, après y avoir installé ses collaborateurs, leurs machines, leurs fournitures et leurs livres, réfléchit à une façon de mettre en valeur ses métiers, et leurs réalisations : alors, pourquoi ne pas ouvrir un espace galerie, propice à des expositions de bibliophilie ? En attendant, l’heure va être aux travaux, importants. On en reparlera lors de l’ouverture, prévue avant la fin de cette année 2025.