policier/France 2 octobre Romain Puértolas

Depuis L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (Le Dilettante, 2013), best-seller planétaire, on connaît l'imagination débordante de Romain Puértolas, son écriture en cascades, parfois difficile à canaliser. D'ailleurs, après Le fakir et sa suite moins heureuse (Le Dilettante, 2018), il a quelque peu erré. Le voici de retour chez un autre éditeur, au mieux de sa forme, pour un thriller rustique et décalé, sacrément bien fichu, qui se situe en 1961, en pleine canicule.

Au début, lisant l'avertissement qui annonce, pour la fin du roman, « un coup de théâtre époustouflant qui remet tout le récit en cause », on n'y croit pas trop. Et puis si. La révélation accomplie, on se met à relire le livre dans sa tête, et l'on se dit : « Bon sang, mais c'est bien sûr », ou encore, « Elémentaire, mon cher Michel », sachant que Michel, ça aussi on l'apprend à la dernière page, c'est le prénom du jeune inspecteur envoyé à P. par Madame le Procureur, à la demande du maire, l'industriel Basil Boniteau, patron des Confitures éponymes, enquêter sur un crime particulièrement barbare : on a retrouvé, découpé en huit morceaux empaquetés dans autant de sacs marqués Galeries Lafayette, jetés dans l'une des cuves de l'usine Boniteau, le corps de Jojo, 16 ans. L'emblème du village, que tout le monde en apparence aimait bien, quoiqu'il fût « un âne à l'école », « fainéant » et « fugueur », « un affreux Jojo » en somme, qui donnait bien du mal à son « tuteur légal », le vieux Félicien Nazarian, lequel n'hésitait pas à lui infliger des corrections a priori fort méritées. A la limite de la maltraitante, selon Martine, la voisine d'en face.

L'inspecteur fait son boulot consciencieusement, au péril de sa vie sans le savoir, assisté du garde-champêtre Jean-Charles Provincio, lequel se révélera brillant et courageux, et sur des bases compliquées : le corps de Jojo a été autopsié par le médecin-vétérinaire, puis enterré fissa sur ordre du maire, qui a décidé de faire ériger un monument à sa mémoire. De surprise en surprise, avec des personnages hauts en couleur qui maîtrisent parfaitement l'omerta, et une vraie jubilation dans l'écriture, Romain Puértolas amène son lecteur là où il le voulait. Soudain, tout devient lumineux, et l'on s'étonne de n'avoir pas trouvé seul la clé du mystère.

Romain Puértolas
La police des fleurs, des arbres et des forêts
Albin Michel
Tirage: 26 000 ex.
Prix: 19 euros ; 352 p.
ISBN: 9782226442994

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