Après deux années difficiles, conséquences de la crise sanitaire et énergétique, la maison d’édition belge Kennes, créée en 2013 par Dimitri Kennes et spécialisée en jeunesse, BD et non-fiction, est menacée de réorganisation judiciaire. Le soutien du groupe français Delcourt, intervenu en 2021 pour financer le développement du segment BD jeunesse, n’a pas permis à lui seul d'enrayer la dette financière de la maison, qui dispose de six mois pour relever son activité.

La reprise insuffisante de Delcourt

Secoué par le confinement en 2020 et le report de l’Euro – enjeu éditorial majeur pour la maison - Kennes éditions a souffert de trois mois sans chiffre d’affaires. Un trou dans la trésorerie que les prêts bancaires COVID n’ont pas su combler, raconte un communiqué diffusé par la maison. L’éditeur belge a donc fait appel au groupe Delcourt, déjà diffuseur du catalogue et propriétaire de 47 % du capital, après avoir racheté les parts de l’entreprise privée belge Sambrinvest. Un soutien qui a servi à financer le développement de la BD jeunesse, doublant ainsi l’offre annuelle.

Mais après une courte remontada, l’éditeur belge fait face à la concurrence du phénomène manga et de ses dérivés en webtoon. « Suite à la crise sanitaire, le marché a changé, le manga a connu une folle ascension, passant de 20 à 55 % de parts de marché dans la BD, au détriment de la BD jeunesse où nous étions fort présents avec beaucoup de nouveautés », explique Dimitri Kennes à L’Echo, ajoutant que Delcourt a alors pris ses distances, cessant d’alimenter le projet du segment BD jeunesse.

Dernière chance

Avec un programme éditorial en berne, la situation financière de l’éditeur belge s’est donc dégradée. La moitié du personnel a quitté Kennes et les à-valoir des auteurs ne sont pas non plus au beau fixe. Résultat : en 2022, l’éditeur affichait une perte de 500 000 euros, contre 200 000 euros un an plus tôt, d’après les informations de L’Echo.

Le regain d’intérêt pour la non-fiction belge, dont Kennes se fait le leader national, semble être le seul espoir pour la maison de se ressaisir. Elle bénéfice donc de six mois de protection pour relever son activité, à l’aide, par exemple, d’un nouveau partenaire susceptible de réenclencher le développement des segments romans et BD.