« Pour mes amis, je ne suis pas noire. Je suis Axelle. » Une perle dotée d'une sacrée personnalité et d'un parcours hors des sentiers battus. L'auteure voit le jour au Cameroun, en 1972. Elle n'a que 6 ans lorsqu'elle quitte son pays pour la France. Une expérience censée rimer avec chance, mais tout ne se passe pas comme prévu. Ses souffrances et sa volonté de fer l'ont transformée en une féministe engagée, se distinguant par ses podcasts singuliers ou son implication auprès du GAMS, qui vise à abolir les mutilations sexuelles comme l'excision. Axelle Jah Njiké se veut aussi une pionnière. « Je dois à ma mère la faculté de lire, écrire, choisir. Et jouir. Femme libre, lettrée, auteure, j'incarne son rêve le plus fou. » D'autant qu'elles ont évolué à l'opposé. « Le sexe de ma mère est politique. » Unie à un homme à 12 ans, sa mère s'est sentie prisonnière d'une culture patriarcale millénaire. Alors que cette femme-enfant a caché plusieurs vérités à sa fille, celle-ci se découvre « bâtarde et enfant de l'amour ». Déjà inclassable, l'auteure désire abolir les frontières internes qui empêchent les femmes d'éclore. Ses armes ? Sa plume audacieuse, son humour décalé, sa franchise et sa fierté. Ce manifeste tend justement à nous libérer de nos carcans. Axelle est la première de sa famille à choisir sa destinée amoureuse, sexuelle et maternelle. Tout avait pourtant mal commencé. « Personne ne savait que derrière la porte close, mon corps ne m'appartenait pas. » Violée par un proche dès l'âge de 11 ans, Axelle a failli suffoquer dans le silence, la violence, la domination et la peur. Sa force de vie l'a néanmoins portée au-delà de ses espérances... Sans faire fi de sa souffrance, elle a décidé d'offrir à son corps meurtri une seconde chance. Son podcast « Me my sexe and I » et sa philosophie intime explorent la sexualité des femmes noires. Ils prolongent l'esprit de son site « Parlons plaisir féminin » sans tabou, y compris quant à la masturbation. Un rendez-vous béni avec elle-même, qui lui permet « d'entretenir une vie secrète ». Se définissant comme une « sexuelle jouisseuse », elle débute ce livre par le listing de ses amants. Cette belle brochette en dit long sur le fossé entre hommes et femmes, surtout si celles-ci sont noires. Malgré « ma carnation cacao, j'étais juste une personne, pas qu'un moment d'exotisme ». Sur le ton de l'humour, elle distille des messages essentiels sur le corps, le désir ou le plaisir féminin. Histoire de jouir de la vie et de sa sensualité, quelles que soient ses courbes, ses origines ou son âge. C'est aussi une maman en solo qui « croit que l'enfant fait le parent. » Comme sa fille Margaux, à laquelle elle aimerait transmettre à tout prix le flambeau de l'émancipation. « Je crois en un féminisme qui émancipe, de l'intérieur. Unissant les femmes, mères, filles ou sœurs, par-delà le temps et les cultures. » Plus qu'une résilience, il s'agit d'une renaissance et d'une libération dans tous les domaines de son existence. Un récit revigorant qui prône la liberté sexuelle et la sororité transgénérationnelle.
Journal intime d'une féministe (noire)
Au diable Vauvert
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 15 € ; 160 p.
ISBN: 9791030705140