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Au Diable Vauvert se donne trois ans pour publier l'intégrale du Che Guevara

En 1959, Ernesto Guevara est nommé commandant et « procureur suprême » de la prison de la Cabaña - Photo Diable Vauvert

Au Diable Vauvert se donne trois ans pour publier l'intégrale du Che Guevara

La maison occitane Le Diable Vauvert s'est lancé le pari de publier l'intégralité des textes d'Ernesto Guevara. Un chantier éditorial de longue haleine et une plongée dans la matière infinie d’un icone.

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Par Pauline Gabinari,
Créé le 27.10.2021 à 11h00

Au début des années 50, alors qu’il se préparait à parcourir l’Amérique du Sud à motocyclette et à forger sa pensée politique, Ernesto Guevara entame une correspondance intime et pratique. Récits de vie entre réparation de moteur, colères idéologiques et amour filial, c’est tout un chemin d’existence et de pensée que l’on découvre sous la plume de celui qui deviendra « Le Che ». Plus de 70 ans après l’écriture de cette première lettre écrite à son « cher vieux papa », Au Diable Vauvert entame la publication intégrale des textes d’Ernesto Guevara. Un parcours qui, s’il n’est pas en motocyclette, semble tout aussi tortueux que les chemins boueux des mines géantes de Chuquicamata. 
 
Lettres de jeunesse
 
Tout commence il y a quasiment deux ans jour pour jour, à la Foire de Francfort 2019. Marion Mazauric, la directrice du Diable Vauvert y redécouvre ce document « complètement extraordinaire » que constitue l’intégralité des correspondances qu'Ernesto Guevara a entretenue de ses 19 ans à sa mort. « Avoir dans les mains un document d’un tel enjeu historiographique et idéologique était vraiment incroyable », raconte l’éditrice. Enthousiasmée par cette découverte, elle contacte l’éditeur original du texte, Seven Stories Press. Par chance, Au Diable est un habitué de la maison américaine avec qui l'éditeur travaille depuis de nombreuses années. « C’est l’éditeur d’Octavia Butler et d’Angela Davis ! », précise Marion Mazauric. Portée par ce recueil de lettres qui s’intitulera par la suite Je t’embrasse avec toute ma ferveur révolutionnaire, l’éditrice achète à Seven Stories Press l’ensemble du fonds et les correspondances. 
 
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

De retour en France, un vrai travail de recherche débute parmi cette jungle de livres qui s’est constituée au fil des ans. Emblème de toute une génération, les textes du Che sont édités depuis les années 1980, sans réelle harmonie, avec différentes maisons et de nombreux traducteurs. « Le premier exercice a été de retrouver sur Amazon et sur d’autres sites de vente, la chronologie des ouvrages sortis et savoir ce qui était déjà publié », explique la fondatrice de la maison. Raphaël Boudin, éditeur au Diable, est chargé de chapeauter le projet. Il est accompagné d’Yves Verdeil, un spécialiste de la mythologie Guevara et du traducteur Antoine Martin. Intimidé par la figure iconique du révolutionnaire, le jeune éditeur entame alors une véritable plongée dans le monde rouge de cette période chargée de combats politiques. « J’ai tout simplement tout lu », résume-t-il. 
 
Lettres politiques
 
En 1956, Guevara passe de sa mobylette rouillée à un petit yacht en mauvais état. Au début de l'hiver, il débarque avec une vingtaine d’hommes sur l’île de Cuba sous les ordres de Fidel Castro. Une aventure qui l’amènera à la tête d’un nouveau gouvernement et à l’orée d’une réflexion profonde sur le sens de la révolution. Face à la complexité d’une telle pensée, la traduction est un enjeu de taille. Pour être au plus près de l’idéologie d’Ernesto Guevara, Raphaël Boudin fait le choix d’une double comparaison : celle de la version du Diable à celles françaises, déjà existantes ainsi que les versions anglaises du même texte. 

Après avoir rempli leurs bibliothèques de textes révolutionnaires, Au Diable Vauvert débute enfin cette véritable saga rouge avec la publication le 4 novembre des correspondances, Je t'embrasse avec toute ma ferveur révolutionnaire. Suivront, 12 titres, inédits ou réédités, tous harmonisés dans leur traduction et, pour les poches,  liés par une unité esthétique. Des ouvrages qui, pour Marion Mazuric, parlent à une génération nouvelle en quête de sens dans laquelle se "reflète la misère du monde". 

 
 

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